Disques

L’hommage au pianiste

Décédé le 8 janvier dernier, Alexis Weissenberg a connu une carrière particulièrement brillante. Né en 1929 au sein d’une famille juive à Sofia, il a débuté très tôt l’étude du piano. Son premier récital, donné à l’âge de huit ans, sonne le départ d’une vie consacrée à un large répertoire musical qu’il a défendu sur tous les continents. En 1946 il entre à la Julliard School de New York. En 1947, il est lauréat du prestigieux Concours International Leventritt, et fait des débuts remarqués au Carnegie Hall avec l’Orchestre Philharmonique de New York dirigé par George Szell puis avec l’Orchestre de Philadelphie sous la direction d’Eugène Ormandy.

 

Après un épisode de retrait des grandes scènes internationales, il fait des débuts très remarqués à Paris en 1966 puis à New York avec l’Orchestre Philharmonique. Cette même année est celle de la rencontre musicale qui va marquer sa personnalité et donner une impulsion décisive à sa carrière, celle d’Herbert Von Karajan. Il donne à Berlin, sous sa direction le Premier Concerto pour piano et orchestre de Tchaïkovski. Commence alors une collaboration fidèle avec celui qui disait de lui qu’il était « un des meilleurs pianistes de notre temps ».

Au cours de sa vie musicale, il a collaboré avec les orchestres et les chefs les plus prestigieux au monde : Georges Szell, Sergiu Celibidache, Eugene Ormandy, Victor de Sabata, Lorin Maazel, Claudio Abbado, Ataulfo Argenta, Stanislaw Skrowaczewski, Seiji Ozawa, Leonard Bernstein, Georges Prêtre, Carlo Maria Giulini, Georg Solti… Il fut également un grand pédagogue, apprécié de tous.

Une maladie d’autant plus terrible qu’elle affecte un pianiste, la maladie de Parkinson, a marqué le glas de sa carrière. Alexis Weissenberg s’est éteint le dimanche 8 janvier 2012 dans sa maison de Lugano en Suisse.

EMI publie un grand coffret de 10 CDs de rétrospective qui permet d’apprécier le talent et les particularités d’un artiste pudique, mais affirmé dans ses choix. Rigueur d’un toucher souvent percussif, mais jamais brutal, classicisme de ses approches, respect des textes caractérisent son art. De Bach à Scriabine, le programme de cette compilation discographique brosse un tableau édifiant de cet artiste attachant. Le choix des chefs qui l’accompagnent constitue également un atout important de cette publication. Giulini, pour Mozart et Brahms, Karajan pour Tchaïkovski et Rachmaninoff (ainsi que Bernstein pour ce dernier), Ozawa pour Prokofiev et Ravel, Skrowaczewski pour Chopin… Le piano solo est également largement représenté, avec un CD consacré à Bach, Schumann (notamment le trop rare Album pour la jeunesse), Moussorgski (Les Tableaux d’une Exposition), Beethoven et de nombreuses partitions jouées en bis.

Voici une parution bienvenue, à un prix imbattable, qui rappelle le rôle important joué par un musicien trop tôt retiré de la scène musicale.

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