Le chef estonien Paavo Järvi vient de prendre la responsabilité musicale de l’Orchestre de Paris. Il succède ainsi à Christoph Eschenbach qui lui-même avait suivi la ligne tracée par Charles Münch, le père fondateur, puis par Herbert Von Karajan, Daniel Barenboim, Semyon Bychkov et Christoph Von Dohnànyi. A cette occasion, Virgin réédite l’enregistrement, réalisé en 1997 sous sa direction, du poème symphonique de Sibelius, Kullervo.
Fils d’un autre chef célèbre, Neeme Järvi, Paavo a déjà creusé son sillon et s’est fait un prénom, au côté de son frère Kristjan, également chef d’orchestre. Décidemment bon sang ne saurait mentir ! Le répertoire nordique constitue pour Paavo Järvi le fondement de sa culture et la nouvelle parution de cet album en témoigne hautement. Kullervo, vaste partition de jeunesse de Jean Sibelius, illustre les aventures de ce héros fantasque de la grande saga finnoise du Kalevala, poème épique, emblème de la culture nationale.
Les cinq tableaux de cette cantate symphonique pour solistes chœur et orchestre accompagnent les aventures du jeune guerrier, de sa jeunesse à son dramatique suicide. Un suicide provoqué par la découverte de l’identité de celle qu’il séduit par la force et qui se révèle être sa propre sœur. La musique de Sibelius y déploie une force, une richesse de couleurs et une originalité de ton qui n’appartiennent qu’à lui. Deux solistes impressionnants d’implication dramatique, la mezzo-soprano Randi Stene et le baryton Peter Mattei, le formidable National Male Choir of Estonia et le Royal Stockholm Philharmonic Orchestra donnent toute sa force à cette fresque étonnante. Les imprécations de Kullervo à la découverte de la vérité sur son acte incestueux donnent le frisson. Paavo Järvi signe là une authentique version de référence qui ne peut laisser indifférent. Un enregistrement digne de la légende qu’il nous livre.