Disques

Stravinsky, Sokhiev, Capitole : le trio gagnant

On l’attendait avec impatience ! Voici donc enfin ce nouvel enregistrement de deux des grands chefs-d’œuvre de la musique russe, de la musique tout court, du XXème siècle, par l’Orchestre national du Capitole et Tugan Sokhiev. Après Prokofiev, Rachmaninoff, Tchaïkovsky et Chostakovitch, enregistrés également chez naïve, le jeune directeur de la phalange toulousaine se devait de diriger au disque l’œuvre indispensable de Stravinsky. Avec L’Oiseau de feu et Le Sacre du printemps, le défi est brillamment relevé.

Le chef russe avait abordé Le Sacre du printemps, à la tête de son orchestre, dès le 13 mars 2009 à la Halle aux Grains de la ville rose. Il renouvelait la rencontre le 17 septembre 2011. Les Toulousains se souviennent de ce concert au cours duquel Tugan Sokhiev dirigeait cette partition révolutionnaire avec une précision, une intensité, une flamme qui avaient enthousiasmé public et critiques. Ce concert mémorable concluait en fait les séances d’enregistrement de cet album.

Celui-ci réserve aux mélomanes une belle surprise. Outre le CD sur lequel sont gravés les deux ballets, il inclut un DVD de cette fameuse exécution du 17 septembre 2011, filmée alors par Jean-Pierre Loisif pour la chaîne Mezzo. La version audio de studio et la vidéo « live » du Sacre du printemps conduisent à une étonnante et passionnante confrontation. Les deux visions possèdent leur légitimité. On retrouve dans la version audio cette tension constante, ce lyrisme poétique, cet éblouissant déploiement de couleurs que souligne encore la vision des musiciens confrontés à cette partition incandescente. La gestique si précise, si économe et en même temps si expressive du chef obtient le meilleur de ses musiciens et éclaire la partition pour le spectateur, l’aidant ainsi à mieux la décrypter. Cela dit, Tugan Sokhiev possède de ce Sacre une vision forte et originale, à la fois simple et riche. Certes, la violence, la sauvagerie même, s’expriment jusque dans l’attente comme suspendue des moments explosifs. Mais la précision diabolique du jeu de chaque pupitre ne limite en rien la respiration de chaque intervention. Les caractéristiques sonores, les couleurs bien françaises de cette belle formation toulousaine, parfaitement légitime pour une œuvre créée, ne l’oublions pas, par un orchestre français, soulignent l’opulente richesse de l’orchestration. En outre, l’apport du visuel éclaire l’écoute de l’auditeur-spectateur. Enfin, il faut saluer les contributions individuelles de chaque musicien, de chaque pupitre. Comme l’écrivait votre serviteur à l’issue du concert du 17 novembre : « Du mythique solo introductif de basson, aux interventions des flûtes, des clarinettes et de l’ensemble des cuivres, des cordes parfois traitées comme des percussions, au riche pupitre des percussions à proprement parler, particulièrement sollicité et virtuose, grâce leur soit rendue ! » Le déroulement visuel du concert souligne encore l’importance de la contribution de chaque musicien et de son intégration dans l’accomplissement collectif.

N’oublions pas de saluer également l’opulente richesse de cette version de 1919 du ballet L’Oiseau de feu qui complète avec bonheur le CD du Sacre. Jeu d’ombres et de lumière, Tugan Sokhiev en souligne les contrastes, les couleurs, les timbres. De la mystérieuse et inquiétante introduction jusqu’à l’explosion de joie finale, en passant par l’effrayante Danse infernale de Kastchei, l’auditeur est tenu en haleine par un véritable suspense musical.

La réussite est totale !

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