Présenté dans un écrin d’un luxe éblouissant, le 8ème livre des « Madrigaux guerriers et amoureux » de Claudio Monteverdi sort chez Naïve. Le luxe ne brille pas que dans l’apparence mais il imprègne toute cette exceptionnelle parution. Tout d’abord, les 3 CD de l’album sont insérés dans un véritable petit livre dont l’iconographie ravira plus d’un amateur de peinture de la Renaissance italienne. De splendides reproductions de Bellini, du Caravaggio, de Rubens, de Botticelli, de Veronèse illustrent la présentation des œuvres enregistrées ainsi qu’un article particulièrement documenté de Richard Millet « La quête de la voix ». La musique, c’est-à-dire l’essentiel, n’en est pas moins bien traitée.
Ce 8ème livre de madrigaux, le plus divers et le plus intense du grand Monteverdi, fut publié à Venise en 1638. Il contient les pièces les plus mythiques de la production vocale du génial créateur : « Le combat de Tancrède et Clorinde », « Le bal des ingrates », « Le lamento de la nymphe » en sont les recueils les plus développés. Mais chaque madrigal, si court soit-il, démontre un savoir-faire musical et poétique exceptionnel, un pouvoir expressif, un sens du drame, une force de conviction incroyables. La réalisation de ces chefs-d’œuvre, qui fait appel à l’ensemble italien de tout premier plan « Concerto Italiano » dirigé par Rinaldo Alessandrini, se montre à la hauteur du défi. Chaque voix trouve sa juste implication, sa parfaite distance au texte poétique et musical et l’accompagnement instrumental se hisse au même niveau d’excellence. Rinaldo Alessandrini obtient de son ensemble la spontanéité, la vitalité, le naturel que demandent ces œuvres charnières. Tous les chanteurs pratiquent à merveille ce « parlar cantando » si riche, si émouvant, en rupture avec les musiques antérieures. Une parution de première grandeur !
