Disques

La chute des références historiques

Alors que la saison à venir va le voir s’emparer de rôles italiens (Il Trovatore/La Fanciulla del West/La Forza del Destino/Manon Lescaut), voici que paraît son récital entièrement consacré à Richard Wagner. En fait il est difficile d’imaginer un répertoire dans lequel ce ténor d’exception, aujourd’hui âgé de 44 ans, ne ferait pas tomber nos plus solides références, y compris dans le répertoire français, voir son Werther et son Faust.

A la tête d’un orchestre rompu au genre lyrique (Orchester der Deutschen Oper Berlin), le chef écossais Donald Runnicles accompagne avec talent le chanteur dans des extraits, forts célèbres de Walkyrie, Siegfried, Rienzi, Tannhäuser, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg et Lohengrin. Le souffle d’une longueur unique de ce ténor d’exception ainsi qu’une technique superlative lui permettent de plier son fabuleux organe non seulement à une dynamique renversante d’amplitude, mais aussi à un jeu infiniment subtil de colorations.

Mais l’art de Jonas Kaufmann ne s’arrête pas là. Même en studio (ici en 2012) et face à certains rôles qu’il n’a jamais interprétés sur scène (Tannhäuser, Walther, Siegfried, Rienzi), il arrive à immédiatement incarner un personnage dans toute sa complexité. Projetant un medium comme un torrent déchaîné et d’une noirceur terrifiante dans son Retour de Rome, il vous fera fondre en larmes dans un Récit du Graal (intégral) dans lequel c’est la voix d’un archange qui nous parvient. C’est tout simplement inouï ! Le programme s’achève par les Wesendonck-Lieder, un cycle de cinq mélodies rarement interprété au masculin et auquel il donne une âme romantique de la plus belle profondeur. A l’instar de ses autres disques et DVDs, celui-ci est un monument incontournable.

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