Anna Caterina Antonacci connait un succès grandissant dans le répertoire lyrique romantique. Elle fut une impressionnante « Medea », de Cherubini, notamment sur la scène du Théâtre du Capitole, et une Cassandre passionnée dans « Les Troyens » de Berlioz, au théâtre du Châtelet. Mais elle s’investit depuis ses débuts dans toutes les musiques et tous les styles, notamment en musique baroque.
Elle incarna ainsi successivement Néron, puis Poppée dans « Le couronnement de Poppée » de Monteverdi. Le présent album Naïve, poétiquement titré « Era la notte », rassemble quelques unes de ses interprétations dans ce domaine qu’elle chérit tout particulièrement. Deux pièces emblématiques de Claudio Monteverdi constituent le socle de ce programme qui s’ouvre sur l’émouvant « Lamento d’Arianna » et se conclut par le célèbre « Combattimento di Tancredi e Clorinda ». Pour ce mini opéra avant l’heure, la cantatrice réalise une véritable performance, puisqu’elle y incarne les trois rôles, ceux de Tancrède et de Clorinde, et également celui, fondamental, du récitant. De la compositrice Barbara Strozzi, Anna Caterina Antonacci chante le beau lamento « Lagrime mie, a che vi trattenete », alors qu’elle se déchaîne dans ce véritable air de la folie de Pietro Antonio Giramo « Chi non mi conosce ». Si la grandeur de sa voix surprend d’abord dans un tel répertoire, le tempérament de la cantatrice, son implication dramatique balaie toute réserve. Dommage que l’accompagnement instrumental de l’ensemble « Modo Antiquo » reste aussi réservé et discret.
