Danse

On a craqué pour le Casse- Noisette de Blanca Li

Casse-Noisette de Blanca Li (photo: Dan Aucante)

Deux représentations à guichet fermé, soit 2400 personnes (!), n’ont donc pas suffi à étancher la soif des nombreux amateurs de ballet toulousains en ce début d’année 2023.  C’est au Casino Barrière que se tenaient ces deux soirées ( 3 et 4 janvier 2023) dédiées au Casse-Noisette de Blanca Li, une programmation hors les murs de la saison 22/23 d’Odyssud, le vaisseau amiral de la culture blagnacaise étant fermé pour travaux jusqu’en 2025.

Espagnole de naissance, cette Grenadine rencontre le hip hop lorsqu’elle part s’installer à New York à 17 ans pour suivre l’enseignement de Martha Graham. Son Casse-Noisette est totalement irrigué de cette danse urbaine. Et pourtant, s’il y a un ballet qui appartient à l’inconscient collectif dans ce qu’il a de plus traditionnel, tutus, pointes et collants, c’est bien celui-ci. Créé en 1892, ce conte féérique bénéficie de la partition somptueuse de Piotr Ilitch Tchaïkovski et de la chorégraphie du Marseillais Marius Petipa. Devenu depuis plus d’un siècle à présent une sorte de parangon de classicisme, il est affiché dans le monde entier durant la période de Noël. Il faut reconnaitre une certaine audace à la chorégraphe espagnole de s’attaquer à pareil bastion. Astucieusement, Blanca Li va conserver une partie de la musique originale ainsi que la superstructure de l’action, manière comme une autre de ne pas trop déstabiliser le public mais aussi de rendre hommage à la filiation. Il y a pire en la matière, vous en conviendrez.

Final du Casse-Noisette de Blanca Li (photo: Dan Aucante)

Point de grammaire chorégraphique académique ici, mais un tourbillon hip hop dans ce que ce genre contient de plus varié : breakdance (les danses de caractère sont à couper le souffle), popping (pour le Casse-Noisette de Daniel Delgado, c’est plutôt bien vu !), boogaloo et locking. De quoi nous donner le vertige et surtout admirer la technicité et la dynamique inépuisable des interprètes. Ils sont huit pour donner corps à cette réécriture. Trois danseuses et cinq danseurs faisant preuve ici, autant dans les danses au sol que dans les danses debout, d’une virtuosité ahurissante ainsi que d’un sens dramatique époustouflant d’efficacité.

Ovation debout pour saluer cette performance artistique plongeant un standard du 19é siècle dans une actualité chorégraphique bouillonnante.

Robert Pénavayre

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