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Toulouse les Orgues : un concert d’ouverture sur les sommets

Le grand orgue de l'église Notre Dame de la Daurade - Photo Classictoulouse -

Le 4 octobre s’ouvrait la 28ème édition du festival Toulouse les Orgues qui invite cette année le public à se plonger dans des rencontres privilégiées avec « L’Orgue intime ». Ce soir-là, le concert d’ouverture a pour titre « Le Souffle de l’âme ». La vaste église Notre Dame de la Daurade reçoit le Chœur de Chambre Dulci Jubilo, dirigé par Christopher Gibert, ainsi que l’organiste Thomas Ospital. Le public curieux et ravi qui emplit la nef de cette belle église accueille avec ferveur un programme musical d’une originalité, d’une audace, d’une exigence qu’il faut saluer.

Cette soirée particulière est présentée par l’organisateur de ce festival, l’organiste Yves Rechsteiner, et par Nicole Yardeni, adjointe au maire en charge des relations avec les acteurs culturels, du Conservatoire, de l’Institut supérieur des arts de Toulouse (Isdat) et des musiques.

Indiquons tout d’abord que Thomas Ospital se voit offrir ce soir-là, non pas un, ni deux, mais trois orgues à sa disposition. L’incroyable variété du programme entraîne en effet que chaque pièce interprétée le soit sur l’instrument le mieux adapté. Au grand orgue signé Émile Poirier & Nicolas Lieberknecht s’associe donc l’orgue de chœur de Puget. Le troisième instrument n’est autre que le désormais célèbre « Explorateur », véritable prototype appliquant une technologie de pointe au service du son. Plusieurs modules composent l’ensemble de cet orgue et permettent une grande palettes de combinaisons possibles et donc de variétés de timbres.

Thomas Ospital au pupitre de l’orgue L’Explorateur – Photo Classictoulouse –

Tout au long du concert Thomas Ospital déploie une virtuosité impressionnante et une imagination profondément musicale. Rappelons qu’il occupe actuellement les fonctions de professeur d’orgue au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris aux côtés d’Olivier Latry.

Le Chœur de Chambre Dulci Jubilo, composé de 8 à 24 chanteurs, multiplie les interventions capitales au cours de la soirée. Créé en 2013 par Christopher Gibert et basé à Montauban, cet ensemble du plus haut niveau vocal et musical est en résidence permanente à l’abbaye de Beaulieu en Rouergue ainsi qu’en résidence de création et diffusion à l’abbaye de Sylvanès. Chacune de ses interprétations témoigne d’une précision, d’une justesse, d’un sens de l’expression que l’on peut qualifier d’exceptionnels.

Le Choeur de chambre Dulci Jubilo dirigé par Christopher Gibert – Photo Classictoulouse –

Le fondateur de ce Chœur, Christopher Gilbert, est également compositeur. Il est actuellement professeur de direction de chœur au Conservatoire de Montauban. La précision et le raffinement de sa direction obtiennent le meilleur de ses chanteurs.

Le programme de la soirée semble bien conçu comme une œuvre continue. Il mêle astucieusement des musiques de toutes les époques : de la Renaissance de Carlo Gesualdo et Orlando Di Lasso aux production contemporaines de Thierry Escaich, en passant par quelques pièces d’un romantisme apaisé de Johannes Brahms. On observe que l’œuvre imaginative de Thierry Escaich tient lieu de fil rouge à travers une progression en quatre étapes significatives. La première est titrée « Naissance ». Se succèdent ensuite « Joies », « Douleurs » et « Espoir ». Cet ensemble est précédé d’un impressionnant « Magnificat improvisé » qui associe le Chœur et le grand orgue. La succession des partitions d’époques éloignées ne suscite aucun hiatus. Rien d’étrange à ce que Gesualdo succède à Thierry Escaich. L’expression des affects transfigure les différences de styles : de l’animation à la ferveur, de l’angoisse à la sérénité, de la subtilité à la proclamation solennelle.

L’austérité des extraits de la Missa canonica de Johannes Brahms, chantés a cappella, alterne harmonieusement avec trois Motets et en particulier avec le scintillement joyeux d’Evocation IV de Thierry Escaich.

Outre les œuvres identifiées, chaque étape de ce cheminement vers la section « Espoir » est balisée par une improvisation au grand orgue ou à l’Explorateur. Autant de moments forts qui témoignent du talent et de l’imagination hauts en couleurs de Thomas Ospital. Lequel n’hésite pas à « courir » d’un orgue à l’autre… dans la plus grande discrétion !

La soirée s’achève sur l’agitation joyeuse du Motet III de Thierry Escaich qui déclenche une ovation unanime du public rassemblé en cette première soirée de festival.

Signalons que le thème même de ce concert, « Le Souffle de l’âme », correspond au titre du nouvel album réunissant des compositions originales de Thierry Escaich. Le Chœur de Chambre Dulci Jubilo sous la direction de Christopher Gibert ainsi que l’organiste Thomas Ospital en sont les interprètes. La sortie de cet album est prévue pour le 10 novembre prochain.

Rappelons enfin que ce même Chœur de Chambre Dulci Jubilo et son directeur Christopher Gibert participeront, le 12 décembre prochain en l’église Saint-Jérôme de Toulouse, au concert organisé par Les Arts Renaissants. Une nouvelle occasion d’admirer les talents réunis de ces musiciens authentiques.

Serge Chauzy

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