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L’Orchestre national du Capitole retrouve Tugan Sokhiev

Tugan Sokhiev - Photo Marco Borggreve -

Après avoir dirigé, le 18 mars dernier à la Halle aux Grains, le Wiener Philharmoniker, Tugan Sokhiev renoue les liens solides qu’il a tissés avec « ses » musiciens toulousains lors d’un nouveau concert le 23 mars prochain. Comme chef invité, il vient présenter un programme contrasté de musique russe. D’une part, il prolonge l’aventure des symphonies de Chostakovitch qu’il a entamée dès ses débuts avec l’Orchestre national du Capitole. D’autre part, il dirige la création en France d’une partition actuelle du compositeur russe Alexander Raskatov avec la complicité du grand hautboïste russe Alexei Ogrintchouk.

Il n’est plus nécessaire de présenter au public toulousain la brillante carrière de Tugan Sokhiev. Rappelons qu’il a été nommé premier chef invité et conseiller musical de l’ONCT dès 2005 et qu’il est devenu Directeur musical de l’Orchestre en 2008. A la suite de sa démission à quelques mois de la fin de son mandat, du fait des événements guerriers aux portes de l’Europe, il a repris le chemin des grandes métropoles musicales dont il dirige les orchestres les plus prestigieux.

Tugan Sokhiev a choisi d’ouvrir cette soirée toulousaine du 23 mars avec l’ouverture de concert La Grande Pâque Russe écrite par Nikolaï Rimski-Korsakov entre août 1887 et avril 1888 à la mémoire de Modeste Moussorgski et d’Alexandre Borodine, deux membres du Groupe des Cinq. Cette pièce est profondément ancrée dans le grand répertoire traditionnel de la musique russe. Il conclura la soirée avec la Symphonie n° 9 de Dmitri Chostakovitch. Après les monumentales Symphonies n°7 « Léningrad » et n°8, le compositeur soviétique livre son ultime opus de guerre qui ne manquera pas de déconcerter le public et surtout les autorités. Contrairement aux deux symphonies précédentes, dont le régime soviétique n’a pas manqué d’utiliser toute la puissance évocatrice à des fins de propagande, la Symphonie n°9 est une œuvre saisissante, comme souvent ambivalente, sarcastique, qui dit la place distante et complexe que Chostakovitch occupa auprès du régime. Sa réputation oscilla entre celle de compositeur officiel et celle de poil à gratter à l’écriture qualifiée de « formaliste ». Créée en 1945, deux mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette 9ème Symphonie devait être une œuvre gigantesque, une sorte de couronnement de ses trois symphonies inspirées par la « Grande guerre patriotique ». Au contraire des deux précédentes, cette neuvième ne dure pas plus d’une demi-heure et ne nécessite qu’un petit orchestre classique. Elle provoqua la colère de Staline, qui s’attendait à une apothéose et qui avait même demandé que la pièce fût dans le style de la Neuvième Symphonie de Beethoven… Il s’agit néanmoins d’une grande partition digne des autres symphonies, mais visant d’autres horizons.

Le hautboïste Alexei Ogrintchouk – Photo Marco Borggreve –

Le Concerto pour hautbois d’Alexander Raskatov sera donc créé ce soir-là avec la participation soliste du hautboïste russe Alexei Ogrintchouk. Figure indomptable des scènes russes, marqué par la poésie de son pays et par les tragédies de son temps Alexander Raskatov est né en 1953 à Moscou. Au début des années 1990, il s’est installé en Allemagne, puis en France en 2004. Sa musique, en particulier son développement sonore, est influencée par Modeste Moussorgski et Anton Webern.

Né en 1978 à Moscou, Alexei Ogrintchouk est lauréat de plusieurs concours internationaux de musique. En 2002, il a remporté deux Victoires de la musique classique. Comme musicien d’orchestre, il a été hautbois solo de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam entre 1999 et 2005, et occupé, à partir de 2005, le même poste à l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam. Parallèlement, il mène une activité de soliste et chambriste. Il est le créateur du Concerto pour hautbois de Marc-André Dalbavie (2010) et du Concerto pour hautbois de Rodion Chtchedrine (2010). Il sera donc à Toulouse l’interprète de la création française du Concerto pour hautbois d’Alexander Raskatov.

Serge Chauzy

Programme du concert donné le 23 mars 2023 à 20 h à la Halle aux Grains de Toulouse :

  • N. Rimski-Korsakov : La Grande Pâque Russe, ouverture de concert
  • A. Raskatov :  Concerto pour hautbois * CRÉATION FRANÇAISE
  • D. Chostakovitch : Symphonie n°9 en mi bémol majeur

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