Le concert qui sera donné le 5 mai prochain par l’Orchestre national du Capitole résonne déjà comme un défi. L’œuvre créée ce soir-là est signée du chef invité Joseph Swensen. Il s’agit d’un arrangement du Ring du Nibelung, cette tragédie lyrique en quatre journées de Richard Wagner dans une version qui n’occupe plus qu’une seule soirée. Composée pour orchestre et trois chanteurs seulement, cette Odyssée du Ring ambitionne de résumer en deux heures trente environ, les quinze ou seize heures de cette Tétralogie originale !
Né en 1960 à Hoboken (New Jersey), Joseph Swensen est chef honoraire du Scottish Chamber Orchestra, dont il a été chef principal de 1996 à 2005, chef principal invité de l’Orchestre de la Ville de Grenade, Conseiller artistique du Northwest Sinfonietta et Directeur artistique de l’Orchestre Leopoldinum du Forum national de Musique (NFM) de Wroclaw (Pologne). Il a également été chef principal invité et conseiller artistique de l’Orchestre de Chambre de Paris (anciennement Ensemble Orchestral de Paris) de 2009 à 2012, et chef principal de l’Opéra de Malmö (Suède) de 2008 à 2011.
Avant de se consacrer entièrement à la direction d’orchestre, Joseph Swensen a mené une grande carrière de violoniste et il est également compositeur.
Reconnu pour avoir tissé des liens solides avec les orchestres qu’il dirige, Joseph Swensen entretient des relations privilégiées avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, dont il est le plus ancien chef invité. Il collabore aussi régulièrement avec le BBC National Orchestra of Wales et l’Orquesta Sinfónica de Navarra.
Musicien aux multiples facettes, Joseph Swensen est un compositeur et un orchestrateur actif. C’est à ce titre qu’il a conçu cette « réduction » de l’œuvre lyrique la plus ambitieuse du répertoire lyrique. Elaboré au cours de la longue et paralysante période de confinement, ce projet, a-t-il confié, ne pouvait s’envisager qu’avec l’Orchestre national du Capitole qu’il connaît maintenant depuis plus de vingt ans, pour l’avoir surtout dirigé dans les vastes symphonies de Bruckner et de Mahler. Sa dernière apparition à sa tête était d’ailleurs consacrée à la Symphonie n° 9 de Gustav Mahler.
Joseph Swensen livre quelques confidences concernant la structure de son arrangement du Ring : « L’histoire s’appuie sur deux couples, chacun formé par une soprano et un ténor : Sieglinde et Siegmund, puis Brünnhilde et Siegfried. Le reste gravite autour. Dans mon Odyssée, les chanteurs commencent en tant que couple central de L’Or du Rhin et de La Walkyrie, et reviennent en deuxième partie en incarnant les amants dans Siegfried et Le Crépuscule des dieux. La place de l’entracte permet ce changement de peau… tout en accordant une pause bienvenue aux chanteurs, qui doivent beaucoup donner vocalement. [……] Il se trouve que ces deux couples se livrent chacun à un duo d’amour absolument merveilleux durant plus d’une vingtaine de minutes. »
En fait trois chanteurs sont impliqués dans cette réduction : la soprano berlinoise Christiane Libor, le ténor Christian Elsner, né à Freiburg im Breisgau et le baryton strasbourgeois Damien Gastl.
Serge Chauzy