Disques

Une vision profondément humaine de la mort

Une imagination sans limites caractérise le compositeur Patrick Burgan. Sa musique, expressive et sensuelle, revêt un caractère indéniablement théâtral ; caractère déjà bien présent dans sa musique instrumentale, tout à fait manifeste dans sa production vocale et bien sûr évident dans son œuvre lyrique. Son Requiem, créé le 27 juin 2004 en la Basilique Notre-Dame de Gray vient enfin d’être enregistré et témoigne d’un sens dramatique saisissant.

Plusieurs fois lauréat de l’Institut et vainqueur de nombreux concours de composition, Patrick Burgan a été pensionnaire de la Casa de Velasquez à Madrid de 1992 à 1994, a reçu en 2000 le prix Claude Arrieu de la Sacem pour l’ensemble de sa production. Il est aujourd’hui Professeur Associé à l’Université de Toulouse où il enseigne l’écriture et l’improvisation. Ses créations récentes, comme le concerto pour trombone intitulé La Chute de Lucifer ou l’impressionnante Bataille de Muret, créée le 12 septembre 2013 à Muret précisément, donnent toute la mesure d’un talent original et libre.

Objet d’une commande de l’Etat et de l’Addim 70, ce Requiem vient s’ajouter à la liste bien remplie des chefs-d’œuvre de même inspiration qui jalonnent l’Histoire de la musique. Il y tient joliment sa place. Structurée selon les quatre parties traditionnelles : Introït, Séquence, Offertoire et Communion, cette partition originale est composée pour un ensemble instrumental réunissant clarinettes, saxophones, violoncelle, percussions et orgue. L’acteur principal reste néanmoins le chœur et une voix soliste, symbole ici de l’humanité apeurée, à la recherche d’une issue heureuse. Aussi bien les musiciens que les membres du Chœur Mikrokosmos, dirigés par Loïc Pierre, ainsi que la mezzo-soprano Marion Delcourt accomplissent avec talent et passion ce voyage visionnaire.

Les premières mesures de l’Introït émergent lentement d’un silence oppressant (celui de la mort physique ?) matérialisé par d’inquiétantes pulsations de la grosse caisse. Dès lors, plaintes, suppliques, clameurs d’effroi, mais aussi apaisements, alternent dans une succession de séquences courtes et subtilement identifiées. Les impressionnantes imprécations du Tuba Mirum, avec ces cris de terreur de la clarinette, s’opposent ainsi à l’extrême dénuement du Quid sum miser, admirablement soutenu par la voix soliste. Les chuchotements inquiétants du Confutatis contrastent avec la douceur plaintive du Lacrimosa. L’étrange scansion obsessionnelle du Sanctus trouve un apaisement salutaire dans les lignes oniriques de l’Agnus Dei. La séquence finale, In paradisum, retourne au silence dans une sorte de paix enfin retrouvée.

Voici une œuvre aussi expressive qu’accessible à tous. La sensibilité de chacun y trouve une nourriture spirituelle autant que profondément humaine. Les qualités de l’interprétation comme celles de l’enregistrement font de cette parution une totale réussite.

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