Disques

L’opéra de sa vie

Sous forme d’autobiographie illustrée, voici donc le dernier en date des récitals studio de Roberto Alagna. Depuis treize années absent de ce type de production, le ténor franco-sicilien, à l’aube d’une cinquantaine qui lui voit écumer toujours les grandes places lyriques comme les zéniths les plus archicombles, nous offre un panorama des airs et scènes d’opéras censés mettre en musique les épisodes marquants de sa vie.

Outre le pitch marketing compréhensible en ces temps de crise du disque, que dire sur le résultat purement artistique ?

Tout d’abord que les séances de cet enregistrement se sont déroulées quelques semaines après les représentations d’Otello à Orange, représentations sur lesquelles il était possible de porter un regard nuancé. Pour le moins. Hélas, on retrouve bien ici les scories qui aujourd’hui ont pris possession de la voix de Roberto Alagna : timbre métallique, émission en force, vibrato non maîtrisé, en délicatesse avec la justesse.

Les années nous ont appris à modifier notre enthousiasme vis à vis de celui qui fut, au Théâtre du Capitole, le Roméo de sa génération, voire plus, un Werther somptueux, un Nemorino anthologique, un Duc de Mantoue brillantissime, un Alfredo plein de promesses qu’il a tenues pendant une dizaine d’années. Puis, et ses proches le savaient depuis toujours, cet enfant de la balle allait passer à autre chose. Ce seront les séries de cross over qui finiront de compléter sa légende. Si ce n’est sa technique vocale. Mais l’opéra ne le quittait pas et, las de chanter toujours la même chose, de ténor lyrique, Roberto Alagna s’est engagé sur la voie des lirico-dramatiques, puis des dramatiques (Pagliacci, Otello). Demain, la rumeur l’installe à Bayreuth pour Lohengrin aux côtés de Netrebko. Soit. Mais le résultat, c’est un instrument considérablement dégradé. Alors, bien sûr, demeure l’élégance de la prosodie française. En témoignent sur ce disque trois extraits (sur 16…) particulièrement intéressants, trois extraits très rarement enregistrés : La Reine de Saba, Sigurd et Hérodiade. C’est peu. Mais aujourd’hui, Roberto Alagna est une star et c’est tant mieux pour lui car le moins que l’on puisse dire est qu’il s’est construit lui-même. Et que la vie ne l’a pas épargné. S’il est permis de regretter sa santé vocale et sa musicalité d’il y a une quinzaine d’années, on ne peut qu’applaudir à une pareille réussite professionnelle. En lui souhaitant tous les bonheurs possibles, car il nous aura fait rêver.

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