Opéra

Quand le Hollandais volant s’empare de Jérusalem

En ce jeudi 26 septembre 2024, dans le cadre des reprises de Nabucco, de Giuseppe Verdi, en ouverture de la saison 24/25 du Théâtre du Capitole, Christophe Ghristi présente la deuxième distribution de cet opéra. Comme d’habitude, cet adjectif numéral n’est en rien témoin d’un plan B ou d’un casting de seconde zone. Loin s’en faut !

Nous retrouvons la magnifique production signée Stefano Poda (voir article de la représentation du 24 septembre 2024), toujours aussi fascinante, éblouissante, forte d’une émotion intense conduisant les protagonistes sur un chemin spirituel plein d’espoir. La direction du maestro Giacomo Sagripanti ne lui cède en rien dans une lecture évidente à bien y réfléchir de cette partition d’un jeune homme de 29 ans, encore tiraillé par les codes du bel canto préromantique mais aussi ayant du mal à réprimer les élans puissamment romantiques qui commencent à le dominer. Le Chœur du Capitole, sous la direction de Gabriel Bourgoin, prend une part non négligeable, pour ne pas dire décisive à l’accueil triomphal que réserve une salle archi-comble et enthousiaste aux artistes de cette représentation.

Au centre, Aleksei Isaev (Nabucco)

Trois nouveaux venus

Seuls, si l’on peut dire, les trois rôles principaux changent par rapport au cast précédent. Prise de rôle pour la soprano Catherine Hunold. La cantatrice aborde Abigaille avec autorité dans le registre aigu, dont elle lance les flèches d’acier avec véhémence, ainsi que face aux multiples écueils de cette partition (je pense aux sauts de deux octaves !!) qui forcent le respect.  Ne négligeant aucune des vocalises (!) et autres nuances posées sur cette partition terrifiante, elle colore le registre grave avec un léger poitrinage que l’on comprend parfaitement, laissant le médium dans une projection plus discrète. Arriver ainsi au bout de ce rôle est un exploit, quoi qu’il en soit, qu’il convient de saluer comme il se doit.

Sulkhan Jaiani (Zaccaria)

Zaccaria est également un « pensionnaire » du Capitole. En effet, la basse Sulkhan Jaiani s’est déjà manifesté de belle manière sur notre scène. Ce n’était pour l’instant que dans des rôles secondaires (La traviata, Boris Godounov, La Gioconda) mais qui avaient suffi à nous faire tendre l’oreille. Le voici en majesté dans l’un des plus importants rôles de sa tessiture du répertoire italien, ce prophète-guerrier qui n’hésite pas à brandir autant les Tables de la Loi que le poignard. D’ailleurs, Sulkhan Jaiani excelle dans cette double personnalité avec un impact à chaque fois indiscutable. D’autant plus que sa voix de basse chantante sait se plier à cette partition, encore une fois démente pour cette tessiture (jusqu’au fa dièse aigu !!!).  Sa puissance de projection, le magnifique phrasé déployé dans la prière ainsi qu’un creux parfaitement sonore en font un interprète de haut niveau.

Le rôle-titre est ce soir tenu par un autre membre de la famille capitoline. Déjà applaudi in loco dans La Femme sans ombre (Le Borgne) et, surtout, dans le Vodnik d’une Rusalka entrée dans la légende du théâtre toulousain, Aleksei Isaev, bientôt star des reprises du Vaisseau fantôme ici–même (Le Hollandais), prête son baryton somptueux de timbre, ample et généreusement distribué sur un legato exemplaire et formidablement stylé à un Nabucco de grande classe.

Le triomphe au rideau final est adressé à l’ensemble d’un plateau épuisant les superlatifs.

Robert Pénavayre

Photos : Mirco Magliocca

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