Opéra

Eugène Onéguine, l’œuvre témoin du romantisme russe

Voyage d'Automne est une fresque historique qui a des échos aujourd'hui
Théâtre du Capitole - Photo: Christophe Carasco

L’Opéra national du Capitole va clore sa saison 23/24 avec une reprise du chef-d’œuvre lyrique de Piotr Ilitch Tchaïkovski : Eugène Onéguine. Bien que ce musicien ait composé une dizaine d’opéras, seul celui-ci ainsi que La Dame de pique sont régulièrement affichés. Le corpus de ce compositeur est surtout connu pour ses ballets (Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant et Casse-noisette) et ses symphonies. Structuré en trois actes et sept tableaux, Eugène Onéguine est une suite de scènes lyriques composée sur un livret cosigné du compositeur et de Constantin Chilovski. La trame dramatique est issue tout droit du poème éponyme de Pouchkine.

La composition d’Eugène Onéguine s’échelonne de mai 1877 à janvier 1878. C’est l’œuvre d’un homme de 37 ans qui a déjà composé quatre opéras dont la diffusion aujourd’hui est confidentielle. C’est surtout l’œuvre d’un homme vivant une situation personnelle bouleversante. En effet, pour des raisons « sociales », Tchaïkovski se marie alors qu’il est homosexuel. Artistiquement aussi, Tchaïkovski est l’objet, au sujet de cet opéra, de reproches sanglants, dont celui d’avoir trahi Pouchkine mais également d’avoir écrit un opéra non-scénique. Si certaines scènes ont été retouchées, d’autres, et parmi les plus importantes, telle celle de la lettre de Tatiana, sont de la main même de l’écrivain. Bien sûr nous sommes ici dans le théâtre de l’intime plus que dans celui de défilés pharaoniques. Mais c’est justement cette vie intérieure des personnages que Tchaïkovski nous propose de pénétrer. Quoi qu’il en soit, depuis sa création en 1879, l’œuvre s’est imposée dans le monde entier.

Stéphane Degout – Photo Jean-Baptiste Millot

Un peu d’histoire capitoline

La création in loco d’Eugène Onéguine a lieu le 21 février 1975, en français, dans une coproduction avec le Grand théâtre de Bordeaux, sous la direction de Michel Plasson, dans une mise en scène de Sacha Pitoëff et dans les décors et costumes de Georges Wakhevitch.  Cette production est reprise, mais cette fois en langue originale et toujours sous la direction de Michel Plasson, le 21/11/1980. Le 4 juin 1993, l’œuvre revient à l’affiche dans une mise en scène de Nicolas Joel et les décors et costumes d’Hubert Monloup, toujours sous la direction de Michel Plasson. Celui-ci cédera sa baguette à Peter Feranec pour la remise à l’affiche de l’ouvrage, toujours dans la mise en scène de Nicolas Joel, le 11 avril 2003.  Ce sera la dernière apparition, sur la scène du Capitole, de cet immense chef-d’œuvre.

Dans les rôles principaux, se sont ainsi succédés chronologiquement:

  • Tatiana : Adriana Maliponte, Ludmilla Chirina, Catherine Malfitano et Tamar Iveri
  • Eugène Onéguine : Neil Howlett, Yuri Mazourok, Andrew Schroeder et Ludovic Tézier
  • Lenski : Robert Dumé, Wieslas Ochman, Franco Farina et Marius Brenciu
  • Grémine : Nicola Giuselev, Victor van Allen, Hans Tschammer et Roberto Scandiuzzi
  • Olga : Benedetta Pecchioli, Petranka Malakova, Sandra Walker et Hadar Halevy
  • Mme Larina : Régina Sarfaty, Simone Codinas et Nadine Denize pour les deux dernières reprises
  • Triquet : André Mallabrera, Charles Burles, Léonard Pezzino et, à nouveau en 2003, Charles Burles.
  • Filipievna : Lyne Dourian, Maria Olkisz, Sheila Nader et Irina Gelakhova

Il est certain qu’au milieu de ces prestigieuses distributions, celle réunie en 1980 proposait un duo masculin de références internationales : l’immense baryton polonais Yuri Mazourok, dans le rôle-titre, et son compatriote le magnifique ténor Wieslas Ochman dans celui de Lenski. Ils sont entrés dans la légende de cette illustre maison.

Valentina Fedeneva

Une reprise sauvée du Covid trois ans après !

C’est en janvier 2021 que le spectacle proposé aujourd’hui aurait dû être offert au public. L’état sanitaire de la planète ne l’a pas permis… Le voici donc tel qu’il était prévu alors : même distribution, même mise en scène.

Si la quasi-totalité des chanteurs engagés sur cette production appartient à la « famille » capitoline que fait grandir précieusement et méticuleusement Christophe Christi depuis son arrivée au Capitole, il n’en est pas de même du metteur en scène français Florent Siaud, dont nous allons découvrir ce que cet homme de théâtre, pour la première fois invité à l’Opéra national du Capitole, tient à nous dire de cet ouvrage. Il en est de même du chef d’orchestre hongrois Gabor Kali, qui fera ainsi ses débuts capitolins.

Mis à part Nicolas Cavallier prévu en 2021 et remplacé aujourd’hui par Andreas Bauer Kanabas dans le rôle de Grémine, tous les autres chanteurs sont ceux de la distribution initiale. Il en est ainsi de Stéphane Degout (Eugène Onéguine), Valentina Fedeneva (Tatiana), Eva Zaïcik (Olga), Bror Magnus Todenes (Lenski), Juliette Mars (Mme Larina), Sophie Pondjiclis (Filipievna), Carl Ghazarossian (Triquet) et Yuri Kissin (Capitaine/Zaretski).

Que du –très- beau monde pour une œuvre au lyrisme bouleversant d’émotion.

Robert Pénavayre

Renseignements et réservations : www.opera.toulouse.fr

Représentations : 20, 23, 25, 28 et 30 juin 2024 et 2 juillet 2024

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