Opéra

Didon et Enée, l’unique opéra de l’Orpheus britannicus

Orchestre de l'Opéra royal de Versailles-Photo: :Pascal Le Mee

Le Capitole de Toulouse vient de reprendre, dans une version de concert, le Didon et Enée d’Henry Purcell (1659-1695). C’est lors d’une représentation scénique, en février 1999, que cet ouvrage a fait sa première apparition sur la scène toulousaine, dans une mise en scène de Marcel Bozonnet et avec la participation de l’Académie européenne de musique. Solistes, chœur et orchestre étaient alors placés sous la direction   de David Stern. Cet opéra (moins d’une heure) était judicieusement suivi par le Curlew River de Benjamin Britten, œuvre créée en 1964. Judicieusement, pourquoi ? Tout simplement car ce saut temporel, Didon et Enée ayant été créé vraisemblablement vers 1689, où juste avant (?), souligne bien l’incroyable et inexplicable abîme dans lequel la musique britannique s’est effondrée à la mort d’Henry Purcell. Car il faudra attendre deux siècles et l’arrivée de Benjamin Britten (1913-1976) pour qu’elle revienne en majesté dans le concert des nations.

Le chef d’orchestre Stefan Plewniak – Photo: Pascal Le Mée

Les Académies se suivent… C’est en effet celle de l’Opéra royal de Versailles qui s’est produite sur la scène du Capitole en ce 7 octobre 2024, assurant ainsi au travers de quatre de ses jeunes membres la moitié de la distribution avec une rigueur stylistique qui en dit long sur le niveau de cette institution. Nous retiendrons de la suite du casting, la courte mais remarquable intervention du contre-ténor Arnaud Gluck, ici un Esprit déguisé en Mercure et venant rappeler à Enée sa mission divine (la fondation de Rome). En tête d’affiche, la soprano bulgare Sonya Yoncheva, que l’on entend plutôt aujourd’hui dans les héroïnes romantiques, revient ici à ses premières amours, le répertoire baroque.  Elle est bien sûr cette reine outragée qui va mourir d’amour face à son amant Enée, appelé à une autre destinée. Vêtue d’une somptueuse robe noire parée de voiles sombres, celle qui est une des plus belles Norma du circuit actuel, connaît donc cette situation au plus profond de sa complexité dramatique.  C’est d’ailleurs dans ce portrait bouleversant d’une rare intensité qu’elle nous livre le meilleur de son interprétation. Son timbre de miel, prenant ici des couleurs automnales, nous parvient dans un registre supérieur d’une parfaite rondeur, impérial dans son violent et fatal échange avec le prince troyen. Sa déploration finale, When Il am laid in earth, a été écoutée dans un silence de cathédrale par un public bouleversé*.

La soprano Sonya Yoncheva – Photo: Victor Santiago

L’Orchestre et le Chœur de l’Opéra Royal de Versailles, superlatifs sous la direction vive, précise et hautement informée de Stefan Plewniak, ont été les véritables triomphateurs de cette soirée qui s’est achevée sous des tonnerres d’applaudissements suivis, interprété par la totalité du plateau, d’un choral extrait de la 3ème entrée (Les Fleurs) des Indes galantes de Jean-Philippe Rameau : Tendre amour. Belle surprise !

Robert Pénavayre

* L’ensemble des interprètes donnera du 18 au 20 octobre prochains, à l’Opéra Royal de Versailles, cet ouvrage dans une version scénique signée Cécile Roussat et Julien Lubek.

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