Opéra

Avec Idomeneo, Mozart porte un coup fatal à l’opera seria traditionnel

Wolfgang Amadeus Mozart - Crédit : DR

En composant Idomeneo, c’est un Mozart de 25 ans qui répond à une commande de l’Electeur Charles Théodore, roi de Bavière. Ce dernier souhaite un nouvel ouvrage lyrique pour la saison de Carnaval de 1781 dans son nouveau lieu de résidence qu’est la ville de Munich. Mozart n’aura pas le choix du livret, il va lui être imposé par la Princesse Electrice de Bavière. En fait ce sera une copie de celui qu’a utilisé André Campra pour sa tragédie lyrique du même nom en 1712. Où il est question d’une légende antique relatant la promesse faite à Neptune par Idomeneo, roi de Crète, de retour de la guerre de Troie et pris dans une terrible tempête. Si le Dieu de la mer lui laisse la vie sauve, Idomeno lui sacrifiera la première personne qu’il apercevra sur le rivage dès son retour. Fatalité, cette personne n’est autre que son fils Idamante. Au milieu de ce drame, des conflits amoureux opposent une princesse troyenne, Ilia, à une descendante des Atrides, Electre, toutes deux amoureuses d’Idamante. Conformément aux canons du genre seria, tout se terminera bien et montrera la magnanimité du Prince régnant obéissant aux dieux.  Si l’adaptation littéraire de Varesco, un ecclésiastique salzbourgeois, n’est pas un vrai chef-d’œuvre, d’ailleurs Mozart lui-même en aura pleinement conscience, l’œuvre porte en elle une vraie révolution en termes de réalisme dramatique et psychologique. La réforme entamée par Gluck trouve avec cet Idomeneo une suite évidente, en particulier dans le soin apporté par Mozart à lier les récitatifs et les airs, mettant quasiment en marche le processus qui doit aboutir au drame musical du 19ème siècle. Disposant du meilleur orchestre d’Europe, et donc du monde, celui de Mannheim, Mozart en profite pour écrire une partition d’une richesse toute nouvelle. Au travers de cet ouvrage, il démontre quel formidable homme de théâtre il va devenir. Lorenzo da Ponte va le mettre en lumière peu de temps après avec la célèbre trilogie.

Michele Spotti – Crédit : DR

Le retour d’Idomeneo au Théâtre du Capitole

C’est dans le cadre d’une coproduction avec le Festival d’Aix en Provence où elle fut créée en 2022, que l’Idomeneo mozartien voit son retour sur la scène du Capitole après un quart de siècle d’absence. Ce retour se fait dans une production japonisante signée Satoshi Miyagi (mise en scène), Kayo Takahashi Deschene (costumes), Junpei Kiz (scénographie) et Yukiko Yoshimoto (lumières). A noter que c’est dans la version révisée par Mozart en 1786 pour Vienne que se fait ce retour, version qui voit enfin Idamante confié à un ténor, selon les volontés mêmes du compositeur.

C’est le maestro italien Michele Spotti qui dirigera ces reprises. Un plateau international, dont de nombreuses prises de rôle, interprétera cette partition. Il en est ainsi de Marie Perbost (Ilia), Andreea Soare (Elettra), Ian Koziara (Idomeneo), Cyrille Dubois (Idamante), Petr Nekoranec (Arbace), enfin, quatrième ténor de cette distribution (!), Kresimir Spicer sera le Grand Prêtre.

A noter que c’est le Chœur de chambre les éléments, sous la direction de Joel Suhubiette qui remplacera pour ce spectacle le Chœur du Capitole.

Une occasion trop rare et une distribution trop précieuse pour se permettre de passer à côté d’une pareille reprise.

Robert Pénavayre

Théâtre du Capitole du 27 février au 7 mars 2024

Renseignements et réservations : www.opera.toulouse.fr  

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