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Vous avez dit classique !

Pour le premier concert classique de Toulouse d’Eté, la cathédrale Saint-Etienne recevait, le mercredi 18 juillet, l’Orchestre de Chambre de Toulouse et l’ensemble vocal Antiphona dans un programme musical extrêmement varié illustrant la vie musicale à Madrid au XVIIIe siècle.

L’Orchestre de Chambre de Toulouse

Dans une première partie marathon, le chœur et l’orchestre mettent en perspective les œuvres de deux Italiens attachés à la cour d’Espagne, Domenico Scarlatti et Francesco Corselli. De Scarlatti, l’orchestre, mené avec fougue par son premier violon virtuose Pierre Bleuse, détaille quelques symphonies miniatures, véritables concentrés de musique que la phalange toulousaine fait déguster avec gourmandise. Dirigé par Rolandas Muleika, l’ensemble Antiphona chante d’abord de courts motets a capella de Corselli, puis retrouve l’orchestre dans une série de « Villancicos », sortes de cantates à couplets (parfois très répétitives) signées cette fois d’authentiques compositeurs espagnols comme Francisco Hernandez Pla, José Mir y Llusá ou José de Nebra.

Une exécution volontaire du Dixit Dominus, que le jeune Haendel composa et créa à Rome, complète ce programme particulièrement consistant.

Lionel Bringuier brillant chef d’orchestre de vingt ans

(photo Askonas Holt)
 
Le 20 juillet, l’Orchestre du Capitole, sous la direction de Lionel Bringuier, célébrait à son tour l’Espagne avec Manuel de Falla dont la suite du Tricorne concluait le concert. Cette musique de fête, tout éclaboussée de lumière et de couleurs vives inspire à l’évidence autant l’orchestre que son tout jeune chef : les rythmes bien affirmés, les timbres acérés et vifs, le relief sonore toujours présent, avec un souci constant de la nuance.

Cette exécution était précédée d’une très romantique vision de l’ouverture fantaisie « Roméo et Juliette » de Tchaïkovski. Vigoureuse interprétation, précise, profonde, dramatique et gorgée de sève.

Nicolas Bringuier, frère aîné de Lionel, jouait également la partie soliste du concerto en sol de Maurice Ravel, l’une des dernières partitions du compositeur.

Riche complexité rythmique, modulations subtiles sont abordées avec musicalité et conviction. La poésie du mouvement central trouve immédiatement le chemin du cœur.

Le concert s’ouvrait, en outre, sur une passionnante création signée Karol Beffa, le compositeur en résidence auprès de l’Orchestre du Capitole. « Enluminures », pièce orchestrale en un mouvement, datant de 2001, et qui n’avait pas encore été jouée en public est ainsi offerte à Toulouse d’Eté. Profondément liée à la mouvance debussyste, cette nouvelle partition déploie une gamme subtile de couleurs, ou plutôt de lumière irisée, en un cheminement d’une cohérence immédiatement perceptible. Atmosphères langoureuses ou angoissées se succèdent en une série de fondus-enchaînés. Les harmonies instables, comme suspendues évoquent un peu le Scriabine des grandes pièces orchestrales. Mais, même si l’on pense aussi aux inventions sonores d’un Dutilleux, le style de Karol Beffa, sa personnalité propre s’affirment au fil des œuvres. Rappelons que son concerto pour violon et orchestre sera créé pendant la saison symphonique de l’Orchestre du Capitole, qui en est le commanditaire, avec le concours de Renaud Capuçon comme soliste. Un événement attendu.

Le nom de Lionel Bringuier, vingt ans et déjà chef d’orchestre confirmé, doit impérativement être retenu…

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