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Un Don Pasquale rétro en diable !

Si Gaetano Donizetti ne s’aventura que rarement dans le répertoire comique, il n’en signa pas moins pour autant trois chefs d’œuvre du genre : L’Elixir d’amour, La Fille du Régiment et Don Pasquale qui fut son chant du cygne en la matière.

Pour sa 36ème édition, le Festival de la Vézère accueillait, comme d’habitude serions-nous tentés de dire, et pour notre plus grand plaisir, la troupe britannique Diva Opera, une troupe dite « de chambre » dirigée musicalement par Bryan Evans, imperturbable et royal en queue de pie derrière son piano. Cette année, Don Pasquale était au programme dans une mise en scène très années 60 du siècle dernier, enlevée, alerte et bien sûr pleine d’humour.

Don Pasquale – Arrière-plan ; Norina (Tereza Gevorgyan), un Notaire

(Matthew Hargreaves) et Don Pasquale (Noel Mann) ; premier plan, debout :

David Stephenson (Malatesta) et de dos : Ernesto (Ashley Catling)

– Photo Festival de la Vézère –

La vénérable grange du Château du Saillant n’a que très rarement l’occasion d’entendre de pareils éclats de rire, et pourtant, la mise en scène de Wayne Morris les a provoqués avec beaucoup de subtilité. Sur la minuscule scène de quelques 20 mètres carrés et les trois bouts d’accessoires et de décors qui sont toute la fortune en termes de production de cette troupe, l’ingéniosité règne en maîtresse absolue. Tout doit être signifiant. Réussite totale. Trois habitués de cette tournée étaient à nouveau présents. Après le Figaro rossinien (2013), le rôle-titre de Don Giovanni (2014) et l’Enrico de Lucia di Lammermoor (2015), revoici le magnifique baryton Ecossais David Stephenson, cette fois dans le rôle de Malatesta, un personnage qu’il domine amplement par sa voix généreuse et souple et un sens scénique très habile. Noel Mann (Don Pasquale) ne lui cède en rien, c’est dire combien leur célèbre duo du 3ème acte est l’un des sommets de cette soirée. Si la voix du ténor Ashley Catling (La traviata en 2013 et Lucia di Lammermoor en 2015) n’est pas des mieux timbrées, encore faut-il souligner son engagement scénique et ses louables efforts pour adopter la ligne de chant chère à Donizetti. La Norina de l’Arménienne Tereza Gevorgyan possède toute la filouterie de ce personnage ainsi que la souplesse vocale et globalement l’ambitus et le style requis. Tout au plus peut-on regretter dans le métal de cette voix l’absence inévitable du soleil et du fruité que l’on trouve dans les timbres transalpins. Matthew Hargreaves (Un Notaire), pilier de cette troupe, domine, à tous les sens du terme, sa composition. De nombreux rappels enthousiastes sont venus saluer cette soirée qui a pleinement rendu justice à cette œuvre pleine d’esprit.

Cosi fan tutte – Debout : Don Alfonso (Matthew Hargreaves) ; assis, de gauche à droite : Guglielmo (Joseph Padfield) et Ferrando (Thomas Elwin) ; de face, Fiordiligi

(Anita Watson) – Photo Christian Delmas –

Cosi fan tutte

Mais il est bien connu que la troupe Diva Opera tourne toujours avec deux ouvrages lyriques. Cette année, le second n’était rien de moins que Cosi fan tutte, l’un des chefs d’œuvre de la trilogie italienne signée Lorenzo de Ponte et Wolfgang Amadeus Mozart. Est-ce la durée de l’œuvre (plus de trois heures) ? Est-ce la jeunesse des chanteurs ? Le fait est que ce ne sont que de – très – larges extraits de cet ouvrage qui furent chantés, et plus particulièrement les somptueux ensembles qui le composent en partie. Entre autres coupures : les deux airs de Ferrando et le grand air de Dorabella… Par contre, Anita Watson (Fiordiligi) a pu chanter ses deux airs, ce qui nous a confirmé la belle tenue vocale de cette soprano que nous avions découverte au Théâtre du Capitole en 2014 dans le rôle de La Gouvernante (Le Tour d’Ecrou). Saluons tout de même la rigueur stylistique des autres interprètes, tous parfaitement en osmose avec les duos, trios, quatuors et ensembles auxquels ils sont conviés : Caryl Hughes (Dorabella), Thomas Elwin (Ferrando), Joseph Padfield (Guglielmo), Matthew Hargreaves (Don Alfonso) et Joanna Foote (Despina).

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