Festivals

Toulouse les Orgues : conclusion solaire

Malgré les aléas du contexte sanitaire actuel, le 25ème festival Toulouse les Orgues a bien eu lieu ! Peu épargné par les conditions atmosphériques, le déroulement des événements musicaux s’est néanmoins achevé, ce beau dimanche 18 octobre en la cathédrale Saint-Etienne, par un concert de clôture salué par un beau soleil ! Le programme de cette dernière rencontre révélait un répertoire peu courant associant deux compositeurs liés par l’histoire et le style : Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart.
Pour cette ultime manifestation, l’organiste Benjamin Alard, bien connu et apprécié des habitués du festival, s’associe à un ensemble instrumental qui effectue sa première apparition toulousaine, Le Concert de la Loge. Initialement nommé Concert de la Loge Olympique, du nom de la formation symphonique qui passa jadis commande à Haydn de ses Symphonies parisiennes, l’ensemble a dû amputer son nom d’origine historique, le Comité national olympique s’étant opposé à l’usage de l’adjectif Olympique ! Les voies de l’exclusivité sont impénétrables…

Quoiqu’il en soit, la première venue à Toulouse de ce bel ensemble jouant sur instruments anciens confirme les qualités indéniables que ses enregistrements discographiques ont précédemment révélées. Fondé en janvier 2015 par le violoniste Julien Chauvin, le Concert de la Loge se présente ici dans sa formation d’orchestre à cordes.

Le grand orgue en « nid d’hirondelle » de la cathédrale
Saint-Etienne

– Photo Classictoulouse –
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C’est néanmoins à Benjamin Allard d’ouvrir en soliste cet après-midi ensoleillé. Il s’installe pour cela à la tribune du grand orgue de la cathédrale. Rappelons que son buffet du XVIIe siècle, suspendu « en nid d’hirondelle », est le plus ancien de la ville rose. À l’intérieur du buffet, l’orgue est un instrument neuf du facteur d’orgues Alfred Kern qui l’a conçu en réemployant une partie du matériel ancien élaboré successivement par Antoine Lefèbvre (1612) et Aristide Cavaillé-Coll (1849).

Mozart n’a composé qu’assez peu de pièces pour orgue. Benjamin Alard ouvre sa prestation sur deux mouvements de la Suite K. 399 : l’Ouverture et l’Allemande. L’ample sonorité de l’instrument se marie bien avec l’écriture limpide du compositeur dont l’interprète souligne la transparence.

L’Adagio et Fugue KV 404a qui suit sonne comme un hommage à Johann Sebastian Bach. A la suite de l’Adagio, un rien solennel, la Fugue se déploie en effet dans un chromatisme bien dans le style baroque.

Placé sous la direction de son violon solo Julien Chauvin, le Concert de la Loge ouvre la séquence consacrée à Haydn par une exécution intense de la Symphonie n° 49 en fa mineur surnommée La Passione. Probablement composée à l’occasion du Vendredi Saint 1768, d’où son titre, elle appartient à ce qu’on appelle l’époque Sturm und Drang du compositeur. Débutant par un inhabituel Adagio douloureux comme une déploration, la partition se poursuit par un Allegro di molto dont les interprètes traduisent avec force et conviction l’agitation dramatique. Seul le Menuet apporte une certaine respiration paisible. Son Trio, opportunément joué à l’orgue positif intégré dans l’ensemble, contribue à cet apaisement. Le drame rejaillit avec force dans le Finale, exécuté avec une cohésion et une énergie convaincantes.

Les musiciens du Concert de la Loge et Benjamin Alard à l’orgue positif. A gauche, le violon solo et directeur de l’ensemble Julien Chauvin – Photo Classictoulouse –

La dernière pièce du programme associe Benjamin Alard à l’ensemble instrumental. Celui-ci vient jouer l’orgue positif dans le concerto pour clavier (en l’occurrence l’orgue) et orchestre en ré majeur Hob XVIII :2, l’un des sept composés par Joseph Haydn. La sonorité de l’orgue s’intègre parfaitement à la partition des cordes. Un esprit léger flotte sur l’Allegro moderato initial. A l’Adagio molto, tendre et paisible succède un Allegro final pimpant et plein de joie.

Cette fin d’après-midi souriante ne s’achève pas là. Julien Chauvin annonce un bis qui vient rappeler à quel point Georg Friedrich Haendel a beaucoup investi le monde l’orgue. L’ensemble et le soliste offrent alors un mouvement de l’un des nombreux concertos pour orgue et orchestre (on n’en compte pas moins de seize) dont la fonction consistait alors à « meubler » les intermèdes de ses oratorios.

Le grand succès de cette prestation vient compléter celui de l’ensemble de ce 25ème festival dont on peut se réjouir que les circonstances ne l’aient pas affecté outre mesure. Vive le 26ème !

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