Festivals

Sur le fil du rasoir

Cette représentation ne voulait pas se faire ! Entre les intempéries au moment des dernières répétitions et les pannes d’électricité sur la générale, auxquelles joyeusetés il convient d’ajouter, en ce 4 août, un début d’averse en plein 4ème acte obligeant le spectacle à s’interrompre momentanément, il fallait toute la pugnacité de l’équipe réunie par Raymond Duffaut pour arriver au terme de cette soirée. Et avec les honneurs !

Scéne d’ensemble (1er acte) – Photo Gromelle Philippe, Orange

De la production signée Robert Fortune pour une mise en scène conventionnelle, nous retiendrons avant tout une très belle projection au 1er acte ainsi qu’un tableau du Rhône assez impressionnant. Les très beaux costumes de Rosalie Varda nous mènent directement vers les couleurs pastel des crèches provençales chères à Mistral. Mais ce qui retient immédiatement l’attention, c’est la direction d’Alain Altinoglu. A la tête de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, il nous donne à entendre un Gounod d’une remarquable musicalité et authenticité de style. Enveloppant de couleurs et de nuances les multiples et somptueuses mélodies de cette partition, Alain Altinoglu transporte Mireille au pays des merveilles. Un vrai bonheur que de voir cette œuvre, trop souvent « gentiment » considérée, enfin mise en lumière. Et quelle lumière !

Sur scène et malgré les multiples avatars mentionnés plus haut, Nathalie Manfrino aborde sa première Mireille. Elle le fait avec du cran, du courage et, peut-être, un peu de témérité. Cela dit sa diction est parfaite et son soprano clair et lumineux se déploie dans la nuit provençale avec aisance et musicalité, même si le bas médium et le grave demeurent confidentiels.

Florian Laconi (Vincent) et Nathalie Manfrino (Mireille) – Photo Gromelle Philippe , Orange

La Taven de Marie-Ange Todorovitch récolte un vrai triomphe au salut final, de même que la Vincenette de Karen Vourc’h, sans oublier le luxueux Andreloun d’Amel Brahim-Djelloul.

Si les récents Contes d’Hoffmann à l’Opéra de Paris de Franck Ferrari nous avaient mis en alerte, malheureusement justifiée pour son Ourrias, quelle belle confirmation par contre quant à l’évolution du ténor Florian Laconi. Son Vincent a tout pour plaire, d’une parfaite diction à un ambitus généreux projeté avec homogénéité, la voix est conquérante et l’artiste convaincant. Raymond Duffaut lui propose la saison à venir plusieurs rôles, dont Lenski et Faust, et il sera particulièrement intéressant de voir comment ce chanteur négocie ces emplois réclamant une maîtrise parfaite des nuances et de la musicalité. A suivre impérativement !

Nicolas Cavallier (Ramon) et Jean-Marie Frémeau (Ambroise) incarnent avec une réelle autorité vocale et un sens dramatique stupéfiant d’efficacité l’affrontement des deux pères.

Minuit largement passée, les derniers bravos s’évanouissent dans la moiteur de cette belle nuit. Tout le monde a eu « chaud » mais le spectacle est arrivé à son terme. Et il n’est rien de dire combien les amoureux, et ils sont légions, de cet opéra, étaient heureux d’avoir retrouvé leur « Mireille » dans un théâtre qui lui semble destiné… quarante ans après sa dernière apparition en ce lieu.

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