Festivals

Par une belle soirée estivale, Rossini nous a enchantés

Décidemment, l’édition 2012 du précieux festival imaginé par Alain Lacroix n’en finit plus de combler les attentes d’un public toujours aussi nombreux et fidèle. En cette belle soirée du 20 juillet, le Cloître des Jacobins accueillait la mezzo-soprano Karine Deshayes, le pianiste Dominique Plancade et, surtout, ce compositeur génial au-delà de tout : Gioacchino Rossini.
Ce musicien, dont il faut lire à tout prix l’excellente biographie signée Jean Thiellay et Jean-Philippe Thiellay (Actes Sud/Classica), prit sa « retraite » à 37 ans, profitant des trente-neuf années qui lui restaient à vivre pour savourer, à tous les sens du terme, les bienfaits qu’une carrière courte et gigantesque à la fois lui réservait. Le programme établi dans le cadre de ce concert balayait l’essentiel des genres que ce compositeur a magnifiés.

La mezzo-soprano Karine Deshayes
– Photo Vincent Jacques –

La première partie était consacrée au répertoire de concert avec 6 mélodies ainsi que la sublime et monumentale cantate Giovanna d’Arco que Rossini composa en 1832 et qui fait clairement partie de ses œuvres ultimes. C’est dans ce répertoire somme toute intimiste que la cantatrice va trouver le meilleur de son talent, alliant une musicalité d’un grand raffinement à une élégance sans faute de la ligne de chant. Ces qualités, nous allions les retrouver dans le programme un rien plus périlleux de la seconde partie de la soirée. En effet, celui-ci était consacré à ce qui a fait la renommée du Cygne de Pesaro : l’opéra. Et tant qu’à faire les deux styles que Rossini a portés à leur apogée : l’opera buffa et l’opera seria. Le premier sera illustré ce soir par l’incontournable Barbiere di Siviglia (air de Rosina : Une voce poco fa) et la non moins célèbre Italiana in Algeri (air d’Isabella : Cruda sorte ! Amor tiranno !). Ces deux rôles ont été créés par d‘authentiques contraltos ou, pour le moins, mezzo-sopranos. L’utilisation du poitrinage dans le registre grave de sa voix n’enlève rien, bien au contraire en terme de projection, à l’interprétation toute en rouerie de Karine Deshayes. Le medium, un rien appuyé, sonne magnifiquement et la virtuosité requise est toujours au rendez-vous. Curieux choix par contre pour les deux airs illustrant le genre seria que ceux de La Donna del lago (air d’Elena : Tanti affetti in tal momento) et de Semiramide (air de Semiramide : Bel raggio lusinghier). Tous deux, créés par Isabella Colbran, mezzo-soprano au registre aigu d’un exceptionnel ambitus, en fait une authentique soprano assoluta dont la voix s’étendait du contre-sol grave au contre-mi aigu (!), réclament une agilité et une souplesse dans la quinte supérieure dont l’absence peut meurtrir certains organes s’épanouissant dans le registre median. Karine Deshayes les affronte avec courage et un peu de témérité, mettant à leur disposition un timbre d’une belle nacre, un contrôle du souffle d’une réelle ampleur lui permettant un large phrasé. Avec la complicité de son accompagnateur, le pianiste Dominique Plancade, elle accorde un bis haendélien (air d’Almirena du Rinaldo : Lascia ch’io pianga) qui lui vaudra, in fine, une standing ovation. Méritée !

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