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Ouverture richement cuivrée

Les trois coups du festival Toulouse d’Eté étaient frappés le 19 juillet dernier par le jeune quatuor de trombones « Quart’Bone » réuni autour de Fabrice Millischer, surdoué de son instrument, qui accumule toutes les récompenses possibles. Qu’on en juge. Ce tout jeune lauréat du concours international de trombone de Budapest en 2005, reçoit en 2006 un prix de sacqueboute au concours de cuivres anciens organisé à Toulouse par Les Sacqueboutiers. En 2007, il décroche le premier prix de l’ARD de Munich, une distinction décernée pour la première fois depuis sa création pour sa discipline. Enfin, il est nommé « soliste instrumental de l’année » aux Victoires de la Musique classique 2011.

Le quatuor de trombones Quart’Bone. De gauche à droite : Fabien Dornic,

Aurélien Honoré, Fabrice Millischer et Jean-Philippe Navrez
– Photo Classictoulouse –

Avec ses trois amis, virtuoses également, Fabien Dornic, Aurélien Honoré et Jean-Philippe Navrez, il fonde donc ce quatuor de trombones baptisé « Quart-Bone » qui se donne pour but la défense de tous les répertoires musicaux adaptés à cette formation. Invité à ouvrir le festival toulousain, ce brillant quatuor investit l’univers du cinéma à travers les musiques qui l’illustrent.

Dès la folle transcription de l’ouverture de « La Forza del destino », de Verdi, qui ouvre le concert, la richesse de timbres de l’ensemble est manifeste. Chacun des quatre solistes distille une sonorité à la fois intense et douce. Les couleurs se marient admirablement à la manière de celles des membres d’un quatuor à cordes. Redoutable à exécuter, cette ouverture révèle immédiatement toutes les qualités de l’ensemble : vélocité, dynamique, rondeur et richesse sonore. Avec Memories, thème et variations originaux de Keiko Takashima, puis West Side Story, de Leonard Bernstein, le propos se fait plus nettement cinématographique.

Fabrice Millischer a reçu le prix Filleul de l’Académie Charles Cros des mains de son Président Alain Fantapié, sur proposition d’Alain Lacroix, directeur de Toulouse d’Eté

– Photo Classictoulouse –

Cinéma encore avec les échos si caractéristiques de Il était une fois dans l’Ouest, d’Ennio Moricone, puis une rétrospective de quelques James Bond, restés dans les mémoires grâce au compositeur John Barry. Le tango est présent par deux de ses plus talentueux illustrateurs, Isaac Albéniz, avec sa pièce extraite du recueil España, et Astor Piazzolla, auteur de ce célèbre Libertango.

Et puis enfin le jazz donne sa couleur incomparable à l’instrument qui le sert si bien. Le fameux Take five, de Paul Desmond, That’s a plenty, du grand Benny Goodman, mais aussi le militant Georgia on my mind, d’Hoagy Carmichael, magnifiquement chanté jadis par Ray Charles, Tuxedo Junction, de Coleman Hawkins, pièces transcrites pour trombones par Ingo Louis, grand musicien et arrangeur habile.

Ce concert d’ouverture était en outre l’occasion parfaite de remettre à Fabrice Millischer le prix Filleul de l’Académie Charles Cros. Cette vénérable institution œuvre depuis bien longtemps à la distinction des artistes musiciens de toutes disciplines. Parrainé par Alain Lacroix, le directeur du festival Toulouse d’été, Fabrice Millischer a donc reçu son prix 2011 des mains d’Alain Fantapié, Président de l’Académie.

Une belle ouverture pour un festival caractérisé par son foisonnant éclectisme.

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