Concert exceptionnel en cette matinée de dimanche 11 octobre dans la nef gothique de la cathédrale Saint-Etienne. D’après Willem Jansen lui-même, jamais autant de créations musicales n’avaient été proposées au cours d’un festival Toulouse les Orgues. Deux créations toulousaines et deux créations mondiales avaient attiré un public curieux, ouvert à la découverte musicale.
L’organiste Anne-Gaëlle Chanon
En première partie et en création toulousaine, deux pièces pour orgue seul de Pierre Farago encadraient Trois mouvements pour flûte et orgue de Jehan Alain. Pierre Farago est un musicien accompli, titulaire de cinq premiers prix du Conservatoire de Paris, et un compositeur fécond. Sa partition « Und trotzdem… » (Et malgré tout…), ouvre le concert sur une question posée par un thème monodique qui évolue lentement vers une polyphonie contrastée au cheminement complexe.
La flûtiste brésilienne Raquele
Magalhães
Dans « Nächtlich geschürzt », Pierre Farago dessine une sorte de paysage nocturne inquiétant que les riches registrations de l’orgue parent de couleurs étranges. L’organiste Anne-Gaëlle Chanon se coule avec audace dans ce langage un peu austère qui ne cherche pas d’abord à séduire.
L’excellente flûtiste brésilienne Raquele Magalhães anime les trois mouvements pour flûte et orgue de Jehan Alain d’une généreuse pulsation intérieure. Lyrisme poétique et finesse expressive balisent ce parcours ascendant, de la méditation vers la lumière. C’est Pieter-Jelle de Boer, aux multiples talents de compositeur, organiste et pianiste qui, depuis la console du Cavaillé-Coll de la cathédrale, accompagne la soliste avec une chaleureuse subtilité.
La flûte encore dialogue avec l’orgue dans la création mondiale de « Après le cantique », du compositeur toulousain Guy Olivier Ferla. Cette belle œuvre cyclique, admirablement équilibrée entre les deux instruments qui échangent librement sans que l’orgue ne domine outrageusement, s’ouvre et se referme sur les incantations hypnotiques de la flûte grave.
C’est sur les « Danses concertantes » pour orgue, cuivres et percussions du jeune compositeur néerlandais Pieter-Jelle de Boer que se conclut le concert. Une conclusion en forme d’éblouissante polyphonie.
Le compositeur, organiste et pianiste Pieter-Jelle de Boer
Dramatique et contrastée, cette pièce marie très habilement les couleurs éclatantes d’un ensemble de six cuivres et de six percussions à celles des riches registres du grand orgue. Richesse encore, et particulièrement remarquable, que celle de rythmes élaborés justifiant si besoin était le titre de l’œuvre. Comme un parfum stravinskien émane de cette structure dont la complexité reste toujours parfaitement lisible. Une belle découverte dont la réussite doit beaucoup à l’ensemble de cuivres et de percussions des jeunes musiciens du Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse, ensemble que dirige le compositeur lui-même. La belle prestation d’Anne-Gaëlle Chanon honore le 1er prix du 9ème concours d’orgue Xavier Darasse qu’elle a reçu en 2005.