Festivals

Mozart et l’orgue

Le Choeur de l'Académie des éléments dirigé par Claire Suhubiette - Photo Classictoulouse -

Le festival international Toulouse les Orgues, créé en 1996 par Michel Bouvard et Jan-Willem Jansen, organise tous les étés une série de rencontres qui prend le nom de « Quartiers d’été ». L’ouverture de cette session a eu lieu le 11 juillet dernier et a réuni dans l’enceinte du Temple du Salin un public nombreux et enthousiaste, à coup sûr attiré par le nom de Mozart, exceptionnellement associé ce soir-là à l’instrument roi.

Deux courtes œuvres du même Mozart constituent une belle introduction à l’exécution du Requiem. Tout d’abord l’Ave verum corpus KV 618, qui précède de peu la partition ultime du compositeur. Ce bref motet musical a été composé sur le texte d’une hymne brève qui date du XIVᵉ siècle. On découvre alors ce soir-là la participation du Chœur de l’Académie des éléments, Centre d’Art Vocal d’Occitanie, placé sous la direction avisée de Claire Suhubiette, professeur à l’Université de Toulouse II-Jean Jaurès et cheffe de chœur. Le bel orgue Puget du temple du Salin est tenu par le jeune organiste britannique William Fielding, issu de la St Mary’s Music School d’Edimbourg puis élève de Michel Bouvard. Cette belle introduction bénéficie de la qualité d’équilibre et de beauté sonore de ce chœur dirigé avec précision et musicalité par Claire Suhubiette.

Présenté par Yves Rechsteiner, le Directeur artistique du festival Toulouse les Orgues, cette première manifestation musicale est consacrée à la pratique de la « transcription ». Il s’agit en effet d’y découvrir notamment une version particulière du fameux Requiem de Mozart. La version originale, incomplète comme on le sait du fait de la mort prématurée du compositeur, bénéficie de la participation d’un orchestre, d’un chœur et de quatre chanteurs solistes. Elle est présentée ce soir-là dans une transcription pour orgue, chœur et solistes signée de deux musiciens d’aujourd’hui, Martin Focke et Andreas Köhs qui ont retenu la version du Requiem achevée, après la mort de Mozart, par son élève Franz Xaver Süssmayer.

L’organiste William Fielding à la tribune du grand orgue du Temple du Salin
– Photo Classictoulouse –

L’Adagio et Allegro en fa majeur pour orgue mécanique qui suit donne à l’interprète l’occasion d’étendre au grand orgue et à la variété de ses jeux l’écriture destinée initialement à un instrument plus modeste.

Avec la transcription pour orgue, chœur et solistes du mythique Requiem, on franchit un pas décisif vers la profondeur d’un génie exceptionnel. L’art de la transcription, non seulement facilite l’accès de formations réduites à des œuvres de vastes proportions instrumentales, mais il permet une nouvelle lecture de la partition. Ainsi adaptée, la messe de Requiem confère au chœur une importance accrue. La succession des séquences alterne les épisodes d’angoisse ou de colère, comme celui du Dies Irae, et la lumière qui émane d’autres passages, en particulier le divin Lacrimosa. Les quatre solistes s’intègrent bien dans le tissus choral. La voix d’airain de la soprano Lisa Chaïb-Auriol s’associe au timbre nuancé et chaleureux de la mezzo-soprano Juliette Mey, alors que les deux voix masculines, celles du ténor Romain Bazola et du baryton David Ortega opposent nettement les couleurs de leurs timbres.

La soprano Lisa Chaïb-Auriol, la mezzo-soprano Juliette Mey et Claire Suhubiette
– Photo Classictoulouse –

Saluons encore l’engagement et la précision dont font preuve la direction de Claire Suhubiette ainsi que les bons choix de registration de William Fielding. Il ne s’agit pas pour l’orgue d’imiter l’orchestre, mais de proposer une autre version de l’œuvre. La preuve est faite que la transcription constitue un beau moyen de diffusion de la musique.

Les événements de cet été toulousain des orgues vont se succéder jusqu’au 17 septembre et donner ainsi à tous les public la possibilité d’explorer et de découvrir un monde musical fascinant.

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