Après l’année du Brésil en France, qui a connu en 2005 un très vif succès, 2009 est l’année de la France au Brésil. Les liens culturels entre les deux pays n’ont cessé de se développer au cours des périodes récentes.
Déjà bien présente au Brésil, la France développe une programmation artistique diversifiée et des coopérations actives dans les domaines scientifique, technique, universitaire, économique. Les échanges aident à mieux se connaître et à s’apprécier. L’image des Français au Brésil et celle des Brésiliens en France sont largement positives. Les manifestations culturelles croisées qui se multiplient gagnent tous les domaines. L’opéra n’est pas oublié. Un cycle important d’œuvres lyriques françaises est ainsi programmé par le fameux théâtre Amazonas de Manaus et son directeur Luiz Fernando Malheiro.
Le Teatro Amazonas, Manaus (Brésil)
Un théâtre de légende
Sous l’impulsion de ce chef d’orchestre et administrateur dynamique, cette impressionnante salle lyrique connaît un renouveau exceptionnel. Il faut savoir que le bâtiment que l’on peut admirer actuellement a vu le jour à la grande époque de la culture de l’hévéa pour la fabrication du caoutchouc. Décidée en 1881, sa construction a commencé en 1884, au beau milieu de la plus vaste forêt tropicale du monde. De nombreux artistes européens, notamment français et italiens, ont contribué à l’édification et à la décoration d’un véritable monument élevé à la gloire du théâtre et de l’art lyrique.
Luiz Fernando Malheiro, Directeur Artistique du Teatro Amazonas et
chef titulaire de l’Orchestre Philharmonique d’Amazonie
Inauguré le 31 décembre 1896, il accueillit sa première représentation d’opéra le 7 janvier 1897. Il s’agissait alors de « La Gioconda » d’Amilcare Ponchielli. Les plus grands artistes du moment se sont produits sur cette scène. L’apparition d’Enrico Caruso reste toutefois du domaine de l’hypothèse. La décadence de la culture de l’hévéa, concurrencée par l’élaboration des matériaux synthétiques, a entraîné avec elle celle de l’opéra qui végéta pendant quelques décennies. Depuis juin 2000, Luiz Fernando Malheiro occupe les fonctions de Directeur Artistique et Chef titulaire de l’Orchestre Philharmonique d’Amazonie. Sa production de la Tétralogie wagnérienne intégrale, en 2005, lui a valu les louanges du monde lyrique. Il a fait de ce théâtre un authentique lieu de culture pour tous.
Le XIIIe festival d’opéra d’Amazonie
Initié en 1997, le festival d’opéra connaît cette année un lustre particulier. Pour célébrer l’année de la France au Brésil, Luiz Malheiro a programmé un florilège d’opéras français. Six œuvres majeures signant la diversité de la production confèrent à ce festival un caractère vraiment exceptionnel.
La soprano brésilienne Eliane Coelho
Les richesses des XIXe et XXe siècles sont éminemment représentées.
S’ouvrant sur « Samson et Dalila » de Saint-Saëns pour s’achever sur la « Jeanne d’Arc au Bûcher » d’Arthur Honegger, la liste des ouvrages représentés comprend le « Pelléas et Mélisande » de Claude Debussy, « Le Cid » de Jules Massenet, « Dialogues des Carmélites » de Francis Poulenc » et, formidable défi, l’intégrale de la grande fresque « Les Troyens » d’Hector Berlioz.
Débats, conférences et récitals complètent cette riche programmation que bien des théâtres français pourraient envier ! Comme il se doit, la grande majorité des interprètes choisis viennent de France et du Brésil.
Les personnalités françaises ont pour nom rien moins que Mireille Delunsch (Mélisande), Nadine Denize (La première Prieure) Jean-Philippe Lafont (Golaud et Grand Prêtre de Dagon), Jérôme Varnier (Arkel), Yann Beuron (Pelléas), Jean-Luc Chaignaud (Chorèbe)…
Le baryton français Jean-Philippe Lafont
De grandes personnalités brésiliennes seront également de la fête, comme les sopranos Eliane Coelho (Chimène) et Adriane Queiroz (Blanche de la Force), la mezzo-soprano Denise de Freitas (Didon)… En outre le ténor américain Michael Hendrick sera Samson et Enée.
Le maître de maison, Luiz Fernando Malheiro, dirigera lui-même « Samson », « Pelléas », « Le Cid » et « Jeanne au Bûcher ». Le jeune chef français Laurent Campellone (Directeur musical de l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne), est chargé de la direction musicale des « Troyens », alors que le brésilien Marcelo de Jesus se chargera des « Dialogues ». Les metteurs en scène viennent du Brésil, comme Willian Pereira, Caetano Vilela, d’Espagne, comme Emilio Sagi, ou de France, comme Frédérique Lombart.
Voici donc de belles perspectives de bonheur lyrique. A quand en France la production d’opéras du grand compositeur brésilien Carlos Gomes, très estimé de Verdi : « Lo Schiavo », « Fosca » ou le célèbre « Il Guarany » mériteraient largement cette réciproque !