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L’hommage à Pergolesi

Trois siècles après sa naissance, Giovanni Battista Pergolesi émeut toujours par la brièveté d’une vie brisée à l’âge de vingt-six ans certes, mais surtout par la beauté séraphique de sa musique. Sa courte existence lui a néanmoins assuré une renommée universelle basée essentiellement sur deux œuvres phares, l’opéra bouffe « La Serva Padrona » et le motet « Stabat Mater ».

Ce jeune homme fragile et sensible a ainsi laissé à la postérité une poignée d’œuvres profanes et sacrées qui témoignent d’un savoir faire et d’un talent hors du commun. Le 11 octobre dernier, le 15ème festival Toulouse les Orgues lui rendait hommage à l’occasion du tricentenaire de sa naissance lors d’un concert organisé en partenariat avec le festival Déodat de Séverac et avec le soutien du Consulat d’Italie de Toulouse. La chapelle Sainte-Anne recevait à cette occasion l’organiste Giovannimaria Perrucci, la soprano Pamela Lucciarini et l’alto Elena Biscuola, trois artistes à l’indiscutable italianité.

De gauche à droite, la soprano Pamela Lucciarini et l’alto Elena Biscuola, à la tribune de l’orgue de la chapelle Sainte-Anne tenu par Giovannimaria Perrucci

(Photo Classictoulouse)

Réunis pour une exécution du « Stabat Mater », ils dévoilent l’édition pour orgue et voix datant du 18ème siècle. La réduction pour un seul instrument à clavier(s), en lieu et place de la version avec cordes et basse continue, confère à l’œuvre une tout autre perspective. La relative sécheresse acoustique de l’orgue de cette belle chapelle atténue notablement la souplesse et donc la sensibilité de l’accompagnement. Néanmoins, l’émotion naît de la grande qualité du chant. Les deux cantatrices possèdent des timbres d’une absolue beauté qui se marient admirablement. L’accord entre les deux voix joue un rôle essentiel dès le duo initial. Les frottements dissonants et leurs résolutions, tels les soupirs de la Vierge dans ce « divin poème de la douleur » évoqué par Bellini, distillent une sorte de sensualité sacrée à laquelle on ne peut résister. L’aria d’alto « Quae moerebat », le duo « Fac ut ardeat » résonnent comme des sommets expressifs de cette interprétation. Le bref mais fervent « Amen » final réunit une dernière fois les deux voix idéalement mêlées. La rondeur charnue, l’émouvant legato de l’alto fournissent une luxueuse réplique à la fraîcheur angélique du timbre de la soprano.

Auparavant, entre deux pièces pour orgue seul, la « Sinfonia » de l’oratorio « La morte de San Giuseppe » et la « Sonata in Fa » jouées par Giovannimaria Perrucci, Elena Biscuola avait placé son grand talent au service de la version pour alto, en fa mineur, du « Salve Regina ». L’écriture de cette partition anticipe celle du « Stabat Mater » dont elle pourrait être une sorte d’esquisse inspirée…

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