Festivals

L’Espagne au cœur

Un récital d’une grande beauté a marqué le coeur de ce festival aux couleurs ibériques. Le 25 juillet dernier, à l’auditorium de Saint-Pierre des Cuisines, l’anthologique recueil pianistique d’Isaac Albéniz, « Iberia », était présenté dans son intégralité, probablement pour la première fois à Toulouse. Un véritable défi que lançait le pianiste français, Hervé Billaut.

Les « Douze impressions pour piano », composées à partir de 1905 par ce virtuose du clavier que fut Albéniz, sont structurées sous la forme de quatre cahiers qui explorent l’âme espagnole dans ses résonances les plus authentiques. Depuis quelques années, Hervé Billaut s’est glissé dans cet univers avec un naturel étonnant. Il représente aujourd’hui le guide idéal qui sait prendre l’auditeur par la main tout au long de ce voyage initiatique.

Hervé Billaut, interprète inspiré d’Iberia, d’Albéniz

Et cette exploration commence par une présentation exemplaire de l’œuvre par son interprète. Peu d’artistes possèdent l’aptitude d’Hervé Billaut à dévoiler les secrets de cette partition avec autant de simplicité pédagogique. Il sait ainsi mettre l’eau à la bouche, nous préparer au départ d’un périple passionnant et passionné.

Le premier tableau, « Evocación », plonge l’auditeur dans la profonde nostalgie d’une Espagne vue de loin (Albéniz était alors comme exilé à Paris). Hervé Billaut en offre une vision embuée, profondément imprégnée de l’absence. En outre, il sait à merveille opposer les atmosphères. Ainsi en est-il de l’effervescence festive de « Corpus Christi en Sevilla », ou de l’éblouissant « Triana ».

Chaque épisode génère son monde, opposant la gaité au drame sous-jacent. Quelle vision poétique, quelle profonde angoisse que celle du sublime « Jerez », dans lequel l’interprète traduit au plus près, mais avec une délicate pudeur, l’angoisse de la mort ! Le Schubert de l’ultime sonate en si bémol n’est pas très loin…

L’interprète ayant choisi d’inverser les troisième et quatrième cahiers, le cycle s’achève sur le délire digital de « Lavapiés », une folie technique à la limite du jouable.

Le « Granada », du même Albéniz, joué en bis, prolonge un instant l’atmosphère magique de la soirée.

Un grand bravo à Hervé Billaut dont la performance pianistique sait se faire oublier au profit de l’essentiel, la musique et l’émotion. La cohérence de sa conception, son jeu contrasté qui n’élude ni la douceur angélique ni la violence, et reste pourtant d’une souplesse féline, en font un interprète privilégié de ce répertoire difficile et rare. Merci à Alain Lacroix, l’organisateur de cette fête, pour avoir su faire un si bon choix.

Partager

La séduisante saison 2025-2026 des Clefs de Saint-Pierre
Le 10 juin dernier les musiciens de l’Orchestre national du Capitole investis dans la nouvelle série des Clefs de Saint-Pierre et le président de l’association Internotes, Laurent Grégoire, ont dévoilé le riche contenu de cette 26ème saison.
Les Arts Renaissants : les belles rencontres de la saison 2025-2026
L’association toulousaine Les Arts Renaissants poursuit sa trajectoire d’exploration et de découverte d’un patrimoine musical d’une grande richesse.
Le concert exceptionnel de Musique au Palais
Ce dimanche 15 juin, l’association Musique au Palais organise un concert exceptionnel de musique de chambre dans le grand salon du Palais Niel.
« Passe ton Bach d’abord », improvisations et résurrection
La 17ème édition de Passe ton Bach d’abord, intitulée « À l’Improviste ! » vient de s’achever sur une triomphale présentation d’une troisième Passion que la plupart des auditeurs ont eu le bonheur de découvrir.
Le grand retour d’Adrienne Lecouvreur au Capitole de Toulouse
Un plateau royal pour conclure la saison 24/25 du Capitole
José Cura s’empare de Maurizio dans la reprise d’Adrienne Lecouvreur au Capitole
« Au Capitole, je suis sur une scène où le public aime encore le chant solaire et passionné à l’italienne » José Cura