Festivals

L’apothéose des Vêpres

Le 14 octobre dernier, en la cathédrale Saint Etienne, le concert de clôture du festival Toulouse les Orgues était confié aux Sacqueboutiers qui retrouvaient avec une évidente jubilation l’œuvre phare de leur répertoire : l’oratorio « Vespro della Beata Vergine » de Claudio Monteverdi.

L’ensemble toulousain de cuivres anciens, avec sa participation à huit enregistrements de ce chef-d’œuvre sous la direction des plus grands chefs (Michel Corboz, Jordi Savall, Jean-Claude Malgoire, William Christie, Philippe Herreweghe…), est devenu le spécialiste de la redoutable partie de cuivres de la partition. Jean-Pierre Canihac, comme cornetto soliste, a joué ces Vêpres en concert plus de deux cents fois. Cette expérience irremplaçable lui a donné la légitimité d’en prendre cette fois la direction.

Rejoints par cordes et bois, les Sacqueboutiers se sont associés à l’ensemble vocal Ludus Modalis (direction Bruno Boterf) pour donner aux Vêpres leur lustre original, aussi proche que possible de la version créée en 1610 dans la chapelle Santa Barbara de Mantoue.
Dès le « Domine ad adjuvantum » qui suit la proclamation initiale du « cantus planus », la plus intense ferveur anime de l’intérieur la géniale musique de Monteverdi parcourue du début à la fin par une pulsation vitale semblable à un battement de cœur. Les instruments et les voix s’appellent, se répondent, se mêlent dans une polyphonie et une richesse rythmique inouïe. Jean-Pierre Canihac choisit d’admirables phrasés, d’étonnantes transitions, au bénéfice d’un intense pouvoir expressif. L’ensemble instrumental, impeccable de justesse et de précision, les voix bien différenciées, notamment dans les vertigineux échos, concourent au bonheur de l’écoute.

Le dispositif orchestral et vocal sous les voûtes de la cathédrale Saint Etienne (Photo Stéphanie Para)

 
Quelques moments de magie ponctuent cette exécution : le trio de ténors du « Duo Seraphim » (tendresse des voix mêlées), le solo en écho « Audi Coelum » (splendide vocalisation de Bruno Boterf !) et l’ouverture du Magnificat, crescendo ménagé avec une émouvante sensibilité. Symbole de l’œuvre, la « Sonata sopra Sancta Maria » emmène le petit chœur tout en haut, vers les voûtes de la cathédrale, d’où les voix planent avec tendresse au-dessus de la dentelle instrumentale.

L’accueil enthousiaste du public libérait enfin la tension accumulée de cette belle soirée de clôture.

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