Festivals

L’actualité des musiques anciennes

Institution pluridisciplinaire conventionnée par l’Etat et le Conseil Régional Midi-Pyrénées pour les musiques anciennes et nouvelles, Odyssud occupe une place importante dans le panorama culturel de toute la région et bien au-delà. Sous la direction d’Emmanuel Gaillard, la scène blagnacaise se développe dans les domaines les plus divers. Chaque année, un cycle consacré aux musiques anciennes est organisé. Le pluriel est d’ailleurs significatif de la programmation de ces Rencontres des Musiques Anciennes en Midi-Pyrénées.

Pour sa sixième édition, les manifestations qui les composent ont pour but de faire découvrir au public quelques productions particulièrement exemplaires élaborées par des ensembles et artistes implantés dans notre région. Le thème des sixièmes Rencontres 2013 est « Musica mediterranea ». La Méditerranée constitue un espace d’échanges humains, artistiques et culturels unique dans l’histoire de l’humanité, ainsi que le berceau de nombreuses civilisations. Ces Rencontres représentent un reflet multiple des richesses culturelles du pourtour méditerranéen.

La Cappella Mediterranea et le Chœur de Namur, dir. García Alarcón – Photo B. Pichene –

2 avril, 20 h 30 : Grande Salle (Odyssud) – Il diluvio universale (Michelangelo Falvetti, Messine, 1682) – La Cappella Mediterranea et le Chœur de Namur, dir. García Alarcón.

Chef-d’œuvre oublié depuis trois siècles, découverte inoubliable du Festival d’Ambronay 2010, Il diluvio universale de Falvetti a saisi le public et les musiciens si intensément qu’il était impensable de ne pas le redonner. Entouré d’une trentaine d’artistes éblouissants, chœurs, orchestre, solistes, percussionniste oriental, le jeune et fougueux chef argentin Leonardo García Alarcón convoque les forces les plus primitives de la nature, la peur et l’instinct de survie, le ciel et la terre, la pitié et la colère, les Hommes et les entités célestes. Un déluge de sensations nous engloutit, et le baroque gagne ainsi de nouveau la bataille des émotions. Cette arche de Noé du baroque sicilien est une œuvre au souffle épique dont on sort métamorphosé.

Les Sacqueboutiers – Photo Patrice Nin –

9 avril, 20 h 30 : Grande Salle (Odyssud) – Don Quichotte – Les Sacqueboutiers – Conception et mise en scène : Élisabeth Paugam, Isabelle Monier-Esquis. Adriana Fernandez, soprano, Pierre-Yves Binard, baryton, Julien Geskoff, récitant.

Marionnettes et marionnettistes, récitant, chanteurs, instrumentistes, telle est l’extraordinaire équipe réunie par Les Sacqueboutiers pour créer un spectacle musical très original : présenter sur scène une évocation de l’extravagante folie de Don Quichotte à travers son parcours le plus délirant, en particulier dans celui des « Tréteaux de Maître Pierre ». Ce « théâtre dans le théâtre » mélange la magie des marionnettes à l’expression de la musique descriptive des cancioneros de la Renaissance espagnole. Villancicos, Romances, Danzas, Glosas, illustrent l’action et subliment la dimension poétique et philosophique de l’immortelle épopée de Cervantès. Le chant se mêle à la musique instrumentale et aux dialogues parlés dans une dramaturgie fidèle au texte original.

La pianofortiste Yasuko Bouvard et l’Ensemble Baroque de Toulouse dirigé par

Michel Brun – Photo Classictoulouse –

10 avril, 20 h 30 : Grande Salle (Odyssud) – Mozart, Haydn – Ensemble Baroque de Toulouse, dir. Michel Brun, Yasuko Bouvard, pianoforte.

Ce programme est construit autour d’œuvres de la fin du XVIIIe siècle dans sa période « Sturm und Drang », qui annonce le romantisme à venir. Après avoir redécouvert une intéressante et inédite symphonie de Pierre-Hyacinthe Azaïs, compositeur oublié de notre région (il vécut à Toulouse, Auch et Sorrèze), Michel Brun et son Ensemble Baroque de Toulouse donneront sur instruments d’époque deux chefs-d’œuvre. Tout d’abord, la très belle 44ème symphonie de Haydn dite « Funèbre », dont celui-ci demanda à ce qu’elle soit jouée lors de ses funérailles. Enfin le fameux 20ème concerto de Mozart, dont le caractère tout d’abord mystérieux et dramatique se termine par un rondo brillant et enjoué. Il sera interprété ici par la talentueuse Yasuko Bouvard sur pianoforte, dont le jeu et les sonorités veloutées et colorées donneront un relief inouï à l’œuvre.

Le Troubadour Art Ensemble – Photo Céline Deschamps –

12 avril, 20 h 30 : Petit Théâtre Saint-Exupère – Musica Mediterranea – Troubadour Art Ensemble.

Gérard Zuchetto, musicien, chercheur et compositeur, a consacré sa vie à faire revivre le trobar, l’art des troubadours du Moyen Âge en Occitanie. Avec son ensemble et la voix magnifique et prenante de Sandra Hurado-Ròs, il est devenu l’un des meilleurs spécialistes de ce répertoire et a enregistré une grande anthologie sur CDs. Aux XIIe et XIIIe siècles, ces artistes de la parole libre s’inventent une esthétique nouvelle, berceau des littératures actuelles. Si les cours occitanes, espagnoles, italiennes accueillent ces artistes et participent au débat poétique, les troubadours se mêlent au débat politique. Dans ce contexte de convivialité et de partage, convivencia e paratge, s’épanouit le trobar. Les romances séfarades quant à elles ont traversé les siècles par la tradition orale. Ce sont des monodies issues de la musique populaire des séfarades installés en Espagne. Dans toute la Méditerranée ces ballades continuent à chanter le quotidien d’un peuple déraciné.

Vincent de Lavenère et Eric Bellocq – Photo Philippe Cibille –

18 et 19 avril, 20 h 30 : Petit Théâtre Saint-Exupère – Le Chant des Balles – Jonglerie musicale – Vincent de Lavenère et Eric Bellocq.

Ce spectacle de jonglerie musicale est né d’une rencontre entre deux artistes d’exception : Vincent de Lavenère, jongleur gascon aux envolées virtuoses, et Éric Bellocq, remarquable luthiste. Ils proposent un nouveau regard autour du jongleur musicien d’aujourd’hui, prenant racine dans « les arts anciens ». Au Moyen Âge, les jongleurs, acrobates et musiciens œuvraient de concert. On redécouvre ici l’âme de ces « sonnailles » et « jongleries » pour luth, théorbe, balles et chisteras. Les balles s’entrechoquent, la rythmique se place, les mains tremblent et le geste devient langage… Gestes amples et envoûtants, Vincent de Lavenère virevolte avec des balles tantôt imaginaires, tantôt réelles, sculptant l’espace de ses déplacements vifs et feutrés. Éric Bellocq jongle avec des œuvres musicales des XVIe et XVIIe siècles. Leur complicité soutient avec une émotion constante un sentiment de bonheur.

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