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La magie vocale du Monteverdi Choir

En prélude au bouillonnant festival Passe ton Bach d’abord, l’Ensemble Baroque de Toulouse et son fondateur Michel Brun, en partenariat avec Odyssud, avaient organisé la venue à la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, du mythique Monteverdi Choir. Le 8 juin, la nef raymondine du vaisseau gothique accueillait donc la phalange vocale britannique et son prestigieux directeur Sir John Eliot Gardiner.
Point de Bach au programme, mais un bouquet de pièces polyphoniques de la Renaissance anglaise. Cette floraison de motets a cappella souligne, s’il en était besoin, la richesse de l’écriture vocale des grands compositeurs britanniques des XVIème et XVIIème siècles, de Thomas Tallis à William Byrd, de Robert White à Peter Philips et Thomas Tomkins.

Le chœur a cappella ouvre et referme cette éblouissante démonstration musicale sur la sublime pureté d’un plain-chant monodique, référence absolue, encadrant ainsi le déploiement polyphonique le plus élaboré qui se puisse imaginer. L’essentiel du programme est consacré au répertoire sacré en latin, alors que quelques chants profanes, en anglais, empruntent d’autres voies expressives.

Le Monteverdi Choir dirigé par Sir John Eliot Gardiner, le 8 juin 2012,

en la cathédrale Saint-Etienne -Photo Classictoulouse –

Les contrastes musicaux explorent toute la palette des couleurs, des rythmes, des modulations subtiles. Ainsi, les deux pièces de Thomas Tallis qui ouvrent la soirée opposent les mélismes hypnotiques de Te Lucis ante terminum (C’est toi Créateur du monde/Qu’avant la nuit nous prions) à la ferveur ardente de O nata lux de Lumine (Ô Lumière née de la Lumière), suivie de l’éblouissant Laudibus in sanctis de William Byrd, véritable explosion… de lumière. Dissonances étranges, habiles résolutions, modulations sidérantes, tout concourt à mettre en valeur les qualités incomparables de l’ensemble vocal. Le journal Le Monde proclame avec justesse : « S’il y avait un prix Nobel pour les chœurs, le Monteverdi Choir devrait être son lauréat » ! La beauté individuelle des voix et des techniques contribue au parfait dosage sonore des différents registres. Il faut reconnaître que la direction exigeante de Sir John Eliot obtient de ces vingt-cinq chanteurs, très jeunes dans leur majorité, un dépassement de chaque contribution personnelle. La dynamique, le sens des phrasés, la construction architecturale de chaque pièce confèrent à ce répertoire raffiné un pouvoir hypnotique étonnant. Dans l’Exaudiat te Dominus (Que l’Eternel t’exauce), de Robert White, le chef ménage un crescendo stupéfiant, une montée irrésistible qui soulève les montagnes. Chaque auditeur retient sa respiration et se voit transporté tout là-haut sans volonté aucune de redescendre…

Alors que les chanteurs et leur chef quittent la nef en défilant au son du dernier plain-chant de la soirée, il faut un certain temps pour retrouver la banalité du quotidien.

A l’évidence ce concert restera longtemps gravé dans les mémoires.

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