Festivals

La 17ème fête de l’orgue

Du 9 au 21 octobre prochains tous les tuyaux de la Ville rose et des environs résonneront à l’occasion de la 17ème édition du festival Toulouse les Orgues qui fait de notre cité la capitale européenne de l’instrument-roi. Alors que la région compte quelques 370 orgues et que la seule ville en dénombre une trentaine dont 9 sont classés monuments historiques, les deux semaines que dure le festival n’épuiseront ni le répertoire de l’instrument ni la richesse de tout ce patrimoine.

Xavier Darasse, auquel est dédiée cette 17ème édition de Toulouse les Orgues

Fondé en 1996 par Jan Willem Jansen et Michel Bouvard, ce Festival International dédie l’édition 2012 en hommage à celui qui l’a en quelque sorte inspiré, le passeur de musique Xavier Darasse. C’est une manière de saluer la mémoire de ce grand musicien attachant, disparu trop tôt voici vingt ans (1992), et qui déclarait en guise de profession de foi : « Je n’ai jamais voulu être un organiste, j’ai voulu être un musicien qui joue de l’orgue. C’est-à-dire… rien de spécifique. »

Comme le souligne Michel Bouvard, directeur artistique de Toulouse les Orgues, Xavier Darasse était « un pédagogue, un passeur, capable de convertir les plus conformistes aux joies de toutes les musiques et de séduire les plus réfractaires. Un aventurier prêt à tout pour partager son goût de la musique et des Arts. » La préservation et le développement du patrimoine organistique de Toulouse et de la région lui doivent beaucoup.

Du 19 au 21 octobre, un colloque exceptionnel aura pour thème « Xavier Darasse, un musicien du XXe siècle ». Seront ainsi évoquées la carrière, les actions, la musique de cet animateur infatigable.

Michel Bouvard, directeur artistique de Toulouse les Orgues, aux claviers de l’orgue

Ahrend de l’église-musée des Augustins
– Photo Classictoulouse –

Voyage dans le temps et mélange des genres
La profusion de concerts et de manifestations diverses mêle les époques et les styles musicaux. De Machaut à Amy, de Bach et Berlioz à Burgan et Darasse, les œuvres les plus anciennes côtoient les plus récentes. Ainsi, le 19 octobre à la cathédrale Saint-Étienne, les trois « Inventions », composées par Gilbert Amy à la mémoire de Xavier Darasse, s’intercalent dans ce monument de la musique qu’est la « Messe Notre Dame » de Guillaume de Machaut, avec l’ensemble Gilles Binchois (direction Dominique Vellard). Pour le concert « Inviolata », le 12 octobre, la Maîtrise Notre-Dame de Paris et les Sacqueboutiers interprètent des motets de la Renaissance et de notre temps alternés avec des pièces d’orgue contemporaines et anciennes.

La Maîtrise de Notre-Dame de Paris et Les Sacqueboutiers, sous la direction

de Lionel Sow dans le programme Inviolata

À la Halle aux Grains, le 21 octobre, le Chœur de chambre les éléments fête le quinzième anniversaire de sa fondation avec Bach mais aussi avec les compositeurs d’aujourd’hui qui ont écrit pour l’ensemble vocal.

Outre les éléments, plusieurs grandes institutions de la région participent à ce festival, notamment l’Orchestre National du Capitole (le 13 octobre) dans le cadre de sa saison symphonique, Les Sacqueboutiers (les 9 et 12 octobre), l’orchestre Les Passions (le 21 octobre), l’ensemble Antiphona (le 14 octobre), la Maîtrise de Toulouse (le 20 octobre), l’ensemble vocal Aegidius (le 21 octobre).

La musique classique et le jazz, les grands maîtres allemands et l’art de l’improvisation, la danse, le théâtre et le cinéma, les orgues et les clavecins, se rencontrent. Alors que les chanteurs anglais des Voces8 passeront le plus naturellement du monde de Byrd à Gershwin, Olivier Latry transformera l’orgue de Saint Sernin en un immense orchestre pour le « Sacre du Printemps » dans sa propre transcription pour orgue à quatre mains… et quatre pieds (Concert d’ouverture le 10 octobre).

Joël Suhubiette et le Choeur de Chambre les éléments – Photo François Passerini –

Selon une habitude bien établie, les instruments de toute la région auront voix au chapitre. Les 9 et 17 octobre, en particulier, les orgues périphériques résonneront de tous leurs tuyaux.

Les rencontres humaines sont les plus fortes. Comme celle, bouleversante, du grand improvisateur et compositeur Reitze Smits avec le poète Tsjêbbe Hettinga, ou celle de l’organiste Aart Bergwerff avec un danseur soufi, derviche tourneur envoûtant, le 11 octobre.

Enfin ce festival fait naturellement la part belle aux organistes. Des artistes exceptionnels viennent cette année de tous les horizons : Wolfgang Zerer, Bernard Foccroulle, William Whitehead, Rudolf Lutz, Bernhard Haas ou François Espinasse, pour ne citer qu’eux, auront la joyeuse tâche de faire résonner les instruments uniques de Toulouse, préservés et restaurés grâce à l’action de Xavier Darasse.

Notons que l’association AIDA, l’Association des entreprises mécènes de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, est partenaire de ce 17ème Festival. A ce titre, elle soutient en particulier l’organisation du concert du 13 octobre pour lequel l’orgue de la Cathédrale Saint-Etienne se joint, par la magie des ondes hertziennes, à l’Orchestre National du Capitole.

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