En 2013, il était normal que Giuseppe Verdi laisse un peu de place à son exact contemporain Richard Wagner, et ceci dans le cadre des festivités célébrant le bicentenaire de leurs naissances. L’histoire nous dit ce qu’il en a coûté aux Chorégies : annulation d’une représentation du Vaisseau fantôme pour manque d’affluence. Malgré son peu d’aura chez les mélomanes, le Bal masqué connût cependant un peu plus de succès. Après donc une programmation certes respectueuse mais téméraire, Raymond Duffaut recentre la 43ème édition de son festival sur les fondamentaux indispensables à l’économie de son institution. Ce sont deux ouvrages verdiens très prisés des amateurs de grandes envolées lyriques qui sont à l’affiche en 2014.
9 et 12 juillet – Nabucco
Il y aura donc l’inusable Nabucco et son chœur des esclaves, devenu un tube planétaire fredonné largement au-delà des frontières lyriques. Mais Raymond Duffaut connaît l’appétit de belles voix de son public. Aussi confie-t-il le terrifiant rôle d’Abigaïlle à l’Autrichienne Martina Serafin qui, pour l’occasion, fera ses débuts à Orange et dans ce rôle. Le rôle-titre revient au baryton géorgien George Gagnidze, celui de Zaccaria (l’un des plus terribles rôles de basse écrit par Verdi) à l’Ukrainien Dmitry Belosselskiy, enfin Ismaele est distribué au ténor italien Piero Pretti. A noter également que ces trois artistes font également leurs débuts devant le Mur. C’est le maestro israélien Pinchas Steinberg, spécialiste es-Verdi incontesté, qui dirige l’Orchestre National Montpellier Languedoc-Roussillon et Jean-Paul Scarpitta, autre nouveau sous les cieux orangeois, signe l’intégralité de la production. Des découvertes excitantes en perspective donc.
17 juillet – Carmina Burana
La monumentale cantate païenne de Carl Orff, Carmina Burana, l’une des œuvres les plus jouées au monde (!), est placée sous la direction de Michel Plasson à la tête de l’Orchestre National Bordeaux-Aquitaine et du Chœur de l’Orféon Pamplonès. Trois solistes de grands talents sont également à l’affiche de ce concert : Sonya Yoncheva (soprano), Max-Emmanuel Cencic (contre-ténor) et Alexandre Duhamel (baryton).
2 et 5 août – Otello
Roberto Alagna pour son premier Otello
Revoici Verdi avec l’un de ses plus incontestés chefs d’œuvre : Otello. Mais il y a Otello et… Otello. Et celui que nous présente Raymond Duffaut est déjà dans tous les esprits car il s’agit tout simplement, si l’on peut dire, de la prise de rôle de Roberto Alagna. Il y a longtemps que cet artiste attendait ce moment. A 50 ans, il juge l’instant venu d’affronter le Maure de Venise. Dans ce spectacle, pas de nouveaux venus, tous les invités sont des habitués, qu’il s’agisse de la Desdemona d’Inva Mula ou du Iago de Seng-Hyoun Ko, du chef d’orchestre Myung Whun Chung ou de la metteur en scène Nadine Duffaut. C’est l’Orchestre Philharmonique de Radio France qui est dans la « fosse ». Deux soirées palpitantes qui ont toutes les chances de se jouer à guichet fermé.
4 août – Concert lyrique
C’est une tradition à présent bien établie, la programmation des Chorégies contient toujours un récital lyrique. Cette année, sous la direction de Luciano Acocella à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Marseille, ce sont Patrizia Ciofi (soprano) et Daniela Barcellona (mezzo-soprano) qui ont en charge tout un large et somptueux programme consacré à Rossini (Elisabetta, Semiramide), Cilea (Adriana Lecouvreur) et Donizetti (Maria Stuarda, La Favorite, Anna Bolena). Alléchant, non ?
Un seul mot, une seule recommandation : à vos calendriers !