Disques

Une voix… troublante

Ses ports d’attache sont Munich, Berlin, New York, Londres et Vienne. C’est dans des salles d’opéra comptant parmi les plus prestigieuses de la planète que cette cantatrice lettone, née il y a 37 ans à Riga, chante ses Charlotte, Octavian, Carmen, Roméo (Bellini) et Sesto, tous rôles qui aujourd’hui ont largement supplanté dans son calendrier les héroïnes rossiniennes.

Cette diva, d’une beauté littéralement vertigineuse, possède un timbre de mezzo-soprano d’un velours soyeux et d’une couleur ambrée sous le charme duquel il est difficile de ne pas tomber à genoux. Enregistré il a tout juste un an, avec la complicité du Filarmonica del Teatro Comunale di Bologna sous la direction d’Yves Abel, le présent récital, intitulé, à juste titre « Romantique », nous présente Elina Garanča dans des rôles qui n’appartiennent pas à son répertoire, à l’exception de La Damnation de Faust.

Il en est ainsi de La Favorite, Samson et Dalila, La Pucelle d’Orléans, Sapho, Faust (Siebel !), Giulietta  e Romeo (Vaccai), Le Roi d’Ys et La Reine de Saba. Si l’on essaie d’oublier une prise de son d’un flou assez étonnant chez un pareil label, que retient-on de ce récital ? Une autre impression de flou sur la véritable tessiture de cette voix. Certes, la chanteuse assure un registre grave bien en place, qu’elle ne poitrine que rarement, et encore fort discrètement, le medium est superbe mais précède un aigu dont la technique, du moins aujourd’hui et dans ces rôles puissants et dramatiques, semble aléatoire. Problèmes de passage dans cette voix qui tangue entre Mezzo-soprano et Falcon, qui refuse d’aborder, avec raison, Amnéris et Eboli ? Bien sûr, il est impossible de ne pas succomber à l’élégance du phrasé, même si celui-ci, dans sa recherche permanente, enlève un rien d’émotion dans l’interprétation. Le programme de ce récital, studio certes, n’est-il pas tout de même un peu anticipé ?

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