Disques

Une vie pour l’art

Voilà un album précieux entre tous. Non seulement il est consacré à ce génie précurseur que fut Claudio Monteverdi (1567-1643) mais en plus il nous propose un programme des plus jubilatoires, des interprétations somptueuses et, ce qui n’est pas toujours le cas dans la production discographique actuelle, un livret particulièrement documenté et enrichi de photos, signées Marco Borggreve, d’une beauté et d’une sensibilité bouleversantes.

 

Malgré une vie personnelle et sentimentale douloureuse, émaillée de deuils, d’ennuis avec l’Inquisition et de problèmes financiers, le musicien construisit une œuvre gigantesque frappée du sceau de la créativité au sens large du terme. Malheureusement toutes ses compositions ne nous sont pas parvenues. Ce que nous pouvons écouter de nos jours suffit cependant à le classer définitivement au sommet du panthéon musical.
Jouant sur instruments anciens et modernes, L’Arpeggiata accompagne avec une divine complicité de couleurs, de rythmes et de

dynamiques une poignée d’interprètes au sommet de leur art : Nuria Rial (soprano), Philippe Jaroussky (contre-ténor), Cyril Auvity et Jan van Elsacker (ténors) et Joao Fernandes (basse).

Alternant extraits d’opéras, madrigaux et plages purement instrumentales, téméraire jusqu’au sommet de son gigantesque théorbe, Christina Pluhar, directrice de cet ensemble, s’offre même ici le luxe d’une adaptation franchement jazzie de l’aria Ohimé ch’io cado,  renvoyant à leurs chères études les jazzmen des années 1940 et soulignant de facto toute la modernité de ce compositeur.

Une heure de bonheur !

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