Disques

Touchantes confidences

David Fray a été révélé par un superbe enregistrement associant Johann Sebastian Bach et Pierre Boulez. Il a élargi son répertoire discographique avec Schubert et Mozart, sans cesser d’explorer en concert de nouveaux territoires. Mais il semblait jusqu’ici contourner précautionneusement l’œuvre de celui que la plupart des pianistes abordent très jeune, Frédéric Chopin. Voici qui est fait, et avec quel succès !

Le pianiste architecte compose ici un programme Chopin basé sur les Nocturnes. Il semble fuir, pour l’instant, les grandes démonstrations virtuoses pour s’investir dans les profondeurs expressives et intimes du compositeur. La succession des pièces choisies pour ce premier album obéit à une construction admirable à travers laquelle l’interprète prend l’auditeur par la main et l’accompagne comme dans un voyage initiatique. La qualité sonore de son piano, de son toucher, fascine dès les premières notes du Nocturne op. 9 n° 2, œuvre de jeunesse, mais déjà accomplie.

Au point qu’il n’est plus possible d’interrompre le voyage au long cours. Il est en effet recommandé d’écouter l’intégralité de cet enregistrement dans sa continuité afin d’en apprécier la démarche qui se reçoit comme on découvre un cycle de lieder (comment ne pas penser au Voyage d’hiver de Schubert…).

Les 7 Nocturnes, les 3 Mazurkas, l’Impromptu (op. 51 n° 3) et la Valse (op. 69 n° 1 dite « Valse de l’adieu »), qui composent ce programme, s’organisent autour de la Polonaise-Fantaisie op. 61 qui joue en quelque sorte le rôle de pivot, de charnière. Le jeu sensible, raffiné, intime de David Fray ne verse jamais dans l’affectation. Tout cela procède d’une sincérité artistique absolue, de la nostalgie au désespoir, et toujours avec une extrême pudeur. Les confidences du compositeur, ainsi traduites à l’auditeur, ne sont jamais prétextes à un quelconque exhibitionnisme. Le test significatif réside précisément dans cette Valse de l’adieu, si fréquemment surlignée, ici parée d’une retenue expressive pleine de dignité.

Il semble que David Fray se soit inspiré de ces vers de Marcel Proust, grand admirateur du compositeur :
Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots

Qu’un vol de papillons sans se poser traverse

Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
Cette première entrée du musicien dans le monde de Chopin s’avère donc particulièrement réussie.

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