Disques

Symphonie de l’Âme      

Dynastie musicale toulousaine
Il faut souvent chercher du côté des « petits labels » pour faire des découvertes musicales. La firme Hybrid’Music, dirigée par Mario Hacquard, réalise de passionnantes résurrections. Il s’agit cette fois de rendre hommage à une dynastie de musiciens aux racines toulousaines, les Fumet. Deux de ses membres, Raphaël et Dynam-Victor figurent sur cette passionnante parution.
Dynam-Victor Fumet (1867-1949) est né à Toulouse d’un père horloger. Cet élève de César Franck et Ernest Guiraud peut donc être considéré comme le fondateur de cette lignée de musiciens. Son fils Raphaël (1898-1979) composa lui aussi sans trop se soucier de la diffusion de sa musique, ce qui peut expliquer la méconnaissance dont elle pâtit de nos jours. Il eut comme frère, l’écrivain reconnu Stanislas Fumet et son fils, célèbre lui aussi, n’est autre que le flûtiste Gabriel Fumet. C’est dire que l’esprit créatif souffle dans cette famille. Le silence dans lequel végétait la musique des deux compositeurs mérite d’être enfin rompu.

La Symphonie de l’Âme de Raphaël Fumet, qui ouvre cet album, date de 1960. Elle témoigne d’une étonnante richesse d’orchestration. Une science qui semble héritée d’un Richard Strauss ou peut-être dans la lignée d’un Albert Roussel. Le premier volet, Lento, débute sur un solo de clarinette basse et un thème qui évoque irrésistiblement le Wagner du Ring : Le Crépuscule des Dieux puis prélude de L’Or du Rhin semblent inspirer cette introduction.

L’esprit mystique qui se manifeste ici n’est pas très éloigné de celui qui animait Scriabine dans ses grandes fresques orchestrales. Etrangement, dans le final Allegro le traitement rythmique n’est pas éloigné de celui d’un Messiaen dans sa Turangalîla Symphonie. Toutes ces références ne remettent pas en cause l’originalité d’un style et d’un mode expressif qui parlent directement à la sensibilité.

Deux pièces du père fondateur de la dynastie, Dynam-Victor, complètent cette symphonie. Les titres témoignent là aussi d’un mysticisme idéaliste qui tranche avec l’atmosphère dominante en ce début de vingtième siècle. Le Sabbat Rustique et Le Mystère de la Terre, toutes deux composées sur le schéma classique lent-vif, n’en adoptent pas moins les moyens expressifs d’une certaine musique française de cette époque. Sans renoncer pour autant à l’héritage wagnérien. César Franck, Camille Saint-Saëns n’ont guère fait mieux en matière d’invention harmonique et de modulations.

Les richesses d’orchestration de toutes ces pièces sont brillamment exploitées par l’Orchestre du Palais de Tauride, basé à Saint-Pétersbourg et dirigé avec conviction par le jeune chef russe Mikhail Golikov.

Souhaitons que cette parution hors des sentiers battus permette à ces compositeurs de trouver enfin l’audience que mérite leur musique.

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