Disques

Strauss tel qu’en lui-même

Le grand chef d’orchestre allemand Rudolf Kempe a marqué toute l’œuvre de Richard Strauss de son empreinte. Disparu en 1976 à l’âge précoce de soixante-cinq ans, ce profond musicien ne fut pas de ceux qui cultivent leur image. Originaire de Dresde, il fut très tôt lié à l’œuvre de Richard Strauss, lui aussi très impliqué avec la capitale saxonne. Cette parution de l’œuvre orchestrale complète du compositeur sous sa direction trouve une légitimité supplémentaire dans le fait que l’orchestre dirigé ici est celui de la Staatskapelle de Dresde.

La carrière de Richard Strauss a nettement évolué du domaine symphonique au domaine lyrique. L’essentiel de sa production purement instrumentale date en effet de la première partie de sa vie de compositeur. Les dix poèmes symphoniques, qui constituent l’essentiel de sa production orchestrale, ont été écrits entre 1887 et 1903 (à l’exception de la Symphonie Alpestre datée de 1911). C’est d’ailleurs Strauss lui-même qui inventa le néologisme « Tondichtung » traduit en français par le terme largement utilisé de « poème symphonique ».

Rudolf Kempe a enregistré cette intégrale à Dresde, dans la célèbre église St Lukas, de juin 1970 à mars 1974 à la tête de cet orchestre qui fut souvent dirigé par Strauss. En outre, neuf des quinze opéras du compositeur furent créés à Dresde. C’est dire le lien étroit qui s’est tissé entre lui et la cité saxonne.

D’abord nommé premier hautboïste à l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, le tout jeune Rudolf Kempe y fut dirigé par de grands chefs comme Furtwängler et Klemperer mais également par Strauss lui-même, grand chef d’orchestre s’il en fut. Sa conception de la musique de Strauss, telle qu’elle apparaît à l’écoute de cette passionnante intégrale, se révèle en fait très proche de celle dont témoignent les enregistrements laissés par le compositeur de ses propres œuvres. La rigueur, la transparence orchestrale, l’élégance des phrasés, l’énergie sobre président à ces exécutions par ailleurs admirablement enregistrées. La Staatskapelle de Dresde semble avoir été créée pour cette musique. Pas la moindre complaisance dans le choix des tempi, toujours très affûtés, sur le fil. Ecoutez l’embrasement qui ouvre Don Juan, l’humour léger et irrésistible qui parcourt Till Eulenspiegel, les contrastes glaçants de Tod und Verklärung. L’interprétation la plus frappante est celle des tardives Metamorphosen. Composée en réaction aux destructions massives de la seconde guerre mondiale, cette pièce mortifère se nourrit ici d’une sorte de colère intérieure impressionnante, en lieu et place de l’évanescence de certaines exécutions.

En outre, certaines partitions rares figurent également dans cette véritable intégrale : les concertos pour cor, pour hautbois et même le rare concerto pour violon, la suite de danses tirée des pièces pour clavecin de François Couperin…

Voici un coffret de 9 CDs à prix cadeau qui arrive à point nommé pour les fêtes.

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