Disques

Séduisant voisinage

Associer, sur un même album, les concertos pour violon et orchestre de Johannes Brahms et d’Alban Berg peut a priori paraître étrange. Le romantisme triomphant du premier semble bien éloigné des audaces atonales et dodécaphoniques du second. Néanmoins, les circonstances de la composition de chacun de ces chefs-d’œuvre et leur écoute successive justifient pleinement le rapprochement. Renaud Capuçon, Daniel Harding et les Wiener Philharmoniker confèrent en outre toute sa légitimité à ce couplage.

Ainsi que le rappelle Alban Berg lui-même dans une lettre à son interprète Louis Krasner, les deux concertos ont été composés au bord du Wörthersee, à plus de cinquante ans d’écart il est vrai. De plus on connaît la fascination que Brahms a toujours exercée sur Schönberg et ses élèves. Donc, la cause est entendue. Vive le voisinage Brahms-Berg ! D’autant plus que les interprètes s’investissent avec intelligence, sensibilité et conviction dans cette entreprise.

Créé au cours du concert de nouvel an 1879 à Leipzig par Joseph Joachim, l’unique concerto pour violon de Brahms possède une structure et une ampleur largement symphoniques. Succédant, presque soixante ans plus tard, à Christian Ferras comme violoniste français soliste auprès des Wiener Philharmoniker, Renaud Capuçon prolonge l’élégance de jeu de son illustre prédécesseur. Dans le même esprit que la direction sobre mais serrée de Daniel Harding, le grand violoniste déploie ici une éloquence raffinée et concentrée.

Aussi étonnant que cela paraisse, cet enregistrement du concerto « A la mémoire d’un ange » d’Alban Berg est le premier réalisé avec les Wiener Philharmoniker ! Cette musique, viennoise par excellence, retrouve enfin ses origines. Avec un raffinement subtil et coloré, Daniel Harding tisse un commentaire orchestral d’une finesse et d’une sensibilité extrêmes. La mélodie de timbres s’y développe dans un climat toujours renouvelé. Le soliste se love dans ce commentaire sensible, échange ses arpèges avec ceux des Viennois avec souplesse et naturel. L’émotion se fait irrésistible avec la citation du fameux choral de Bach « Es ist genug ! So nimmt, Herr, meinen Geist » (C’est assez ! Ainsi, Seigneur, prend mon esprit) que Berg a intégré à sa partition en hommage à la jeune Manon Gropius, disparue prématurément : l’ange auquel l’œuvre est dédiée la referme dans une ferveur intense et recueillie.

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