Disques

Schubert, un parfum d’éternité

Les derniers quatuors de Schubert constituent un triptyque d’une exceptionnelle grandeur musicale et expressive. Une grandeur qui emprunte les voies de l’intimité la plus profonde. Contrairement aux derniers opus de la formation signés Beethoven, sortes d’hymnes à la condition humaine, les partitions de Schubert semblent s’adresser individuellement à chacun d’entre nous. La tendresse, la souffrance, le drame ou la douce mélancolie imprègnent ces trois chefs-d’œuvre qui semblent issus du monde du lied. Il est vrai que l’immense production vocale de Schubert déborde largement sur tous les genres musicaux abordés par le compositeur.

Le magnifique Artemis Quartet, récemment en visite à Toulouse pour le plus grand bonheur des spectateurs présents, devient peu à peu le grand quatuor à cordes du moment. Il faut citer chacun des musiciens qui le composent. Natalia Prischepenko et Gregor Sigl, premier et second violons, Friedemann Weigl, alto et Eckart Runge, violoncelle, forment cet instrument idéal à seize cordes qui ne renie pourtant rien de ses individualités. Ces musiciens, associés au violoncelliste Truls Mork, étaient déjà responsables d’un magnifique premier album CD consacré à Schubert.

Inutile de souligner encore la cohésion, la justesse et la précision de leurs interprétations. Ils savent affirmer leurs conceptions déterminées de la manière la plus convaincante. Il suffit d’écouter les premières mesures du bouleversant quatuor n° 14, « La jeune Fille et la Mort ». Son thème central, emprunté au fameux lied éponyme, est exposé ici avec une acuité, une intransigeance à la fois tranchantes et implacables qui résonnent comme un cri de révolte. Au cœur de l’œuvre, l’Andante, avec son motif douloureux directement emprunté au lied, ouvre une blessure douloureuse. Jusqu’à la dernière note de la course à l’abîme finale, l’auditeur ne peut de détacher du drame aussi profondément vécu.

Le quatuor n° 13, « Rosamunde », avec sa tendre mélancolie, prend des teintes sépia. Les interprètes marient de manière subtile les impressions et les sentiments les plus contradictoires. Un lyrisme léger, comme l’évocation de souvenirs chers ou douloureux, imprègne toute l’œuvre. Enfin, le dernier opus, en sol majeur, trouve ici ses proportions symphoniques indiscutables. Le temps suspendu, l’ampleur de la déclamation, le choix et la richesse des couleurs, la variété impressionnante des phrasés choisis pour leur pouvoir expressif, construisent une interprétation à la fois généreuse et inexorable. La beauté formelle rejoint la force de conviction. Un très grand cru !

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