La musique de chambre de Schubert représente un sommet absolu de toute la production musicale. L’émotion la plus profonde imprègne notamment tous ses quatuors à cordes. Intégré dans le splendide corpus des quinze quatuors, le numéro 12 ne comporte qu’un seul mouvement, Schubert ayant abandonné la composition de l’œuvre initialement programmée.
Ce Quartettsatz (morceau de quatuor), qui a connu de multiple interprétations légendaires reste néanmoins une pièce incontournable. Le Quatuor Artemis vient de l’enregistrer en y ajoutant les quelques fragments (deux minutes à peine) d’un mouvement lent (andante), à ma connaissance inédit. L’arrêt brutal du déroulement de ce mouvement ajoute un élément tragique supplémentaire à cette œuvre. La plus implacable des fébrilités émane de l’interprétation du Quatuor Artémis. Une vision angoissante qui nous rend Schubert encore plus cher.
A cette œuvre courte fait écho la partition majeure de toute la musique de chambre romantique, le fameux Quintette à cordes en ut majeur. Les voix extrêmes, violon et violoncelle y sont doublées, élargissant ainsi le spectre orchestral de l’œuvre. Au quatuor Artemis se joint ici le grand violoncelliste norvégien Truls Mørk. Les interprètes abordent cette œuvre sublime avec l’évidence expressive que Schubert met à son service. Ferveur enflammée de l’allegro initial, émotion bouleversante de l’adagio où se mêlent nostalgie et angoisse, exubérance du scherzo et enfin explosion de « joie ingénue » (dixit Marcel Marnat) du final enfin détendu. La réussite fait chaud au cœur.