Le récital studio d’un ténor dans un répertoire romantique est devenu chose rarissime. Il est vrai que les exemples des grands anciens plombent sérieusement le challenge. Faisant fi de cela, le jeune américain Michael Fabiano, 34 ans aujourd’hui, se lance en 2018 dans l’aventure. Bonne idée. Lui qui a pris pension au MET de New York (il doit bien y avoir une raison !), nous offre un programme Verdi/Donizetti en osmose parfaite avec sa voix d’aujourd’hui.
Habilement constitué, le répertoire alterne des standards (Luisa Miller, Rigoletto, Un Ballo in maschera, Lucia di Lammermoor) et des ouvrages moins présents à l’affiche des théâtres (Poliuto, Maria di Rohan, Ernani, I Due Foscari, Oberto et Il Corsaro), ajoutant au passage le rarissime et difficile air d’Alvaro (La Forza del destino) appartenant à la partition originale de l’œuvre (Saint Pétersbourg 1862). Somptueusement accompagné par le London Philharmonic Orchestra sous la direction d’Enrique Mazzola, Michael Fabiano déroule les multiples facettes d’un talent que l’on sait d’une parfaite probité.
Le timbre est lumineux à souhait mais il ne joue pas là-dessus en permanence, confiant à sa voix des colorations bienvenues participant à la caractérisation des personnages et des événements. Ce qui n’est pas toujours simple en studio. Maîtrisant à la perfection un organe de grand lyrique au large ambitus et d’une parfaite homogénéité de registre et d’émission, Michael Fabiano possède un legato d’une belle ampleur lui permettant des phrasés somptueux. Musicien dans l’âme, son chant s’accompagne de mille nuances et d’une dynamique laissant toute leur place à des demi-teintes parfaitement timbrées.
Certainement l’un des ténors les plus authentiques de notre temps doué d’un tempérament d’artiste rare dans cette tessiture.