Disques

Ravel, rigueur et poésie

La complicité qui lie Pierre Boulez et Pierre-Laurent Aimard alimente, enrichit leur interprétation des deux concertos pour piano et orchestre de Maurice Ravel. Longtemps associés au sein de l’Ensemble Intercontemporain, les deux compères possèdent en commun un sens aigu des équilibres, de la finesse de lecture d’un texte où cohabitent classicisme et nouveauté. Ils bénéficient en outre ici d’un orchestre parfaitement aguerri au style requis par la musique française du 20ème siècle, The Cleveland Orchestra. Boulez, qui le dirige depuis des décennies, est l’artisan principal de cette spécificité.

 
Les deux concertos pour piano et orchestre de Ravel datent tous deux de la même période, entre 1929 et 1931. Ils n’en présentent pas moins des caractéristiques opposées. Ce couple formel est une sorte de Janus dont les deux têtes regardent dans des directions opposées. Au drame qui sous-tend la progression implacable du « Concerto pour la main gauche », spécialement composé pour le pianiste manchot Paul Wittgenstein, s’oppose la légèreté et la fantaisie du concerto en sol, tout imprégné d’influences jazzistiques et populaires.

Chacune de ces caractéristiques est parfaitement respectée par les interprètes. L’exécution du Concerto pour la main gauche obéit ici à une rigueur qui en rehausse l’inexorable déroulement. L’extrême cohésion entre le jeu du soliste et celui d’un orchestre riche de couleurs et de nuances subtiles confère son unité à cette vision forte et profonde. La souplesse et l’élan qui caractérisent l’interprétation du Concerto en sol n’insistent pas outre mesure sur les détails allusifs aux différents courants musicaux de l’époque. Là aussi, l’unité constitue le mot d’ordre. L’humour, qui affleure ici ou là dans les mouvements extrêmes, se charge de sarcasmes, alors que les confidences de l’Adagio assai rejoignent celles dont Mozart est coutumier dans ses mouvements lents de concertos. L’enregistrement public de ces deux concertos est en outre d’une admirable qualité technique.

Pierre-Laurent Aimard complète ces deux pièces maîtresses d’une très belle interprétation de studio des Miroirs, dans sa version pour piano seul. Ces cinq pièces d’une grande beauté formelle et expressive explorent tout l’univers poétique de Ravel : Noctuelles, Oiseaux tristes, Une barque sur l’océan, Alborado del gracioso, La Vallée des cloches témoignent ici de la richesse mélodique et harmonique d’une écriture à laquelle les versions orchestrales confèreront une autre dimension. La version pour piano, ainsi défendue, offre d’autres perspectives tout aussi excitantes.

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