Disques

Ravel le poète

Le ballet Daphnis et Chloé représente probablement l’œuvre la plus complexe et la plus aboutie de l’auteur du célébrissime Boléro. Les enregistrements de la partition originale complète, incluant la magique contribution du chœur, sont loin d’être aussi nombreux que ceux de la fameuse deuxième suite. Voici donc une parution bienvenue signée de deux des plus belles formations symphoniques et chorales françaises, l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra National de Paris, placées ici sous la baguette de leur directeur musical, Philippe Jordan.

Le texte original de Longus, poète grec du IIème siècle, intitulé « Amours pastorales de Daphnis et Chloé », constitue l’argument de ce ballet qui enthousiasma Diaghilev. Au point de passer commande de la musique à Maurice Ravel. Créée le 8 juin 1912 sous la direction de Pierre Monteux au Théâtre du Châtelet, la version intégrale et scénique du ballet reçut un accueil très réservé. Sa reprise scénique, le 29 mai 1913 au Théâtre des Champs-Elysées, pâtit du voisinage avec Le Sacre du Printemps de Stravinski, autre ballet créé ce soir-là dans le tumulte que l’on sait.

Il faudra attendre 1921, lorsqu’elle entre au répertoire de l’Opéra de Paris, pour que l’œuvre connaisse enfin le succès qu’elle mérite. Cette musique poétique, féline, sensuelle, évocatrice, naît d’une subtile combinaison entre tous les pupitres de l’orchestre et les voix sans texte des chœurs qui déploient leur dynamique du murmure au cri.

Cette parution bénéficie des qualités de couleurs et de finesse d’un orchestre et des chœurs d’une grande beauté plastique. Elle suit de peu les onze représentations du ballet (chorégraphié par Benjamin Millepied) données à l’Opéra Bastille par ces mêmes interprètes au printemps 2014. Philippe Jordan aborde la partition avec un raffinement extrême. Emergeant du silence son interprétation excelle surtout dans les épisodes de calme et de poésie nocturne. Il n’insiste pas sur la sauvagerie des danses guerrières qui restent largement « civilisées ». Le Lever du jour irradie une douce lumière et la Bacchanale finale respire la joie de vivre. L’autre intérêt de cette parution réside dans un livret enfin détaillé. Chaque épisode est bien identifié et plagé sur le CD, ce qui n’est pas courant. L’écoute en est considérablement éclairée.

Enfin, dans La Valse, qualifié par Ravel lui-même de Poème chorégraphique, Philippe Jordan souligne bien l’ambigüité du propos du compositeur, propos partagé entre la magie « viennoise » et la sombre évocation du noir chaos de la guerre qui vient de s’achever lorsque l’œuvre est conçue. Malgré la réflexion un peu désabusée de Diaghilev à l’adresse du compositeur « Ravel, c’est un chef-d’œuvre, mais ce n’est pas un ballet… » La Valse est devenue l’une des partitions les plus jouées de Ravel et de toute la musique française.

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