Disques

Rachmaninoff par Khatia Buniatishvili

Toulouse connaît bien la jeune pianiste d’origine géorgienne, récemment naturalisée française, souvent invitée de la Ville rose, Khatia Buniatishvili. Sa fantaisie (notamment vestimentaire), son imagination, sa spontanéité brossent un portrait original de ses talents d’artiste. Après quelques enregistrements en soliste et avec orchestre, la voici qui s’attaque au grand répertoire concertant du romantisme tardif de Rachmaninoff.

Les concertos n° 2 et n° 3 du grand virtuose et compositeur russe constituent le cœur de ce répertoire dans lequel les plus grands pianistes se sont illustrés.

Le concerto en ut mineur n° 2 est connu pour ses redoutables difficultés techniques (notamment pour la taille requise des mains, avec des dixièmes à jouer d’une seule main), mais aussi pour le rôle « thérapeutique » joué pour le compositeur par cette partition conçue après l’échec retentissant de sa première symphonie. Les interprètes, la soliste mais également le bel Orchestre Philharmonique Tchèque magnifiquement dirigé par Paavo Järvi, construisent ici une sorte de tableau musical du rétablissement, du retour à la vie du compositeur durement éprouvé.

Le toucher de Khatia Buniatishvili témoigne d’une diversité de jeu, d’une palette de couleurs certes très instinctive, mais d’une grande efficacité expressive.

De l’émergence douloureuse d’une sorte de rêve tragique que traduisent les toutes premières mesures à l’effervescence presque rageuse du final, le discours convainc par sa sincérité.

Composé dans le cadre paisible de la propriété de campagne familiale, le concerto n° 3 en ré mineur est achevé le 23 septembre 1909. Dans cette partition, elle aussi d’une extrême difficulté technique, Rachmaninoff écrit pour ses mains (très longues !) et ses immenses talents de pianiste. L’atmosphère de l’œuvre s’avère nettement plus joyeuse que celle du précédent concerto. Néanmoins, elle n’échappe jamais à l’arrière-plan nostalgique qui ne quitte jamais tout-à-fait la musique de Rachmaninoff. La jeune pianiste y déploie sa fougue, sa spontanéité, comme si la partition était créée sous nos oreilles. La redoutable cadence du premier mouvement prend ici une allure épique. Par ailleurs, l’orchestre fait bien plus qu’accompagner la soliste. Il l’enveloppe d’une trame puissante mais jamais envahissante.

Voici une version de ces deux concertos qui peut figurer honorablement aux côtés des nombreuses démonstrations historiques déjà gravées, comme celles (nombreuses) du grand Vladimir Horowitz dont Rachmaninov déclara à propos de son interprétation du 3ème concerto : « Il s’est jeté sur la musique comme un tigre affamé. Avec son audace, sa bravoure, son intensité, il l’a dévorée tout cru. »

Partager

Du grand piano aux Planètes
Le 5 novembre, le chef américain Ryan Bancroft a remplacé Tarmo Peltokoski souffrant à la tête de l’Orchestre national du Capitole et le jeune pianiste russe Roman Borisov a fait des débuts prometteurs à Toulouse.
BALLET DU CAPITOLE – UN MAGNIFIQUE HOMMAGE MUSICAL A RAVEL
Daphnis et Chloé – Chor. Thierry Malandain – © David Herrero Dans les nombreuses manifestations qui célèbrent le 150ᵉ anniversaire de la naissance de Maurice Ravel, le Théâtre National du Capitole nous a présenté un spectacle en forme d’hommage avec deux ballets illustrant les pages emblématiques du compositeur basque :
Concert d’ouverture en apothéose
Le 3 novembre dernier, Les Grands Interprètes présentaient le premier concert de leur 40ème saison.
Rose Naggar-Tremblay illumine les abimes haendéliens
« Je chante Haendel avec une voix wagnérienne qui bouge aussi rapidement qu’un soprano colorature » Rose Naggar-Tremblay
Le feu sous la glace
Le concert du 30 octobre dernier donné par l’Orchestre national du Capitole a enthousiasmé un public nombreux et conquis.
Le Concert de La Loge invité des Grands Interprètes
Le 8 novembre prochain, dans le cadre de la saison des Grands Interprètes, Le Concert de La Loge, dirigé par le violoniste Julien Chauvin, s’associe avec l’ensemble vocal La Sportelle et quatre grands chanteurs solistes pour célébrer Mozart.