Disques

Première mondiale pour artiste… solo !

Véritable œuvre testamentaire et probable chef-d’œuvre absolu de Gustav Mahler, ce Chant de la Terre (Das Lied von der Erde) est créé à Munich en 1911, sous la direction de Bruno Walter avec en solistes la contralto Madame Charles Cahier, formidable Erda autant que célèbre Fidès du Prophète et le ténor William Miller, fameux Lohengrin de son époque. Quelques temps après, il dirigea la version ténor et baryton avec Friedrich Weidemann, un chanteur qui avait à son répertoire Wotan, Amfortas, Don Giovanni, etc. Il n’est rien de dire que ce ne fut pas le coup de foudre car le génial chef d’orchestre ne renouvela pas l’expérience, s’en tenant à la distribution idéale voulue par le compositeur : ténor et alto.

Ce que nous propose aujourd’hui SONY est une première dans l’interprétation de cette symphonie pour ténor et alto (ou baryton) et grand orchestre. Depuis longtemps Jonas Kaufmann rêvait de chanter l’intégralité des six lieder qui forment ce cycle du Chant de la Terre. Gustav Mahler les a écrits à l’intention d’un ténor à l’aigu vaillant et à la projection impérieuse face à un orchestre particulièrement présent et d’une alto au phrasé et à la musicalité sans faille dotée d’un registre grave d’une belle rondeur. De nombreux barytons se sont emparés depuis la création de la partition d’alto.

En fait ils ont trois lieder chacun, tout en sachant que celui qui fait chavirer le cycle dans une autre dimension est certainement l’ultime, écrit pour alto : Der Abschied (L’Adieu), dernier lied qui, il faut bien le dire, dure quasiment la moitié du cycle à lui seul : 28 minutes sur 61 !

Caprice de divo, défi irraisonné ou bien véritable projet musical ? Il est bien sûr difficile de reprocher quoi que ce soit à l’engagement dramatique de Jonas Kaufmann et encore moins à l’émotion dont il pare chaque note, chaque phrase. Tout est d’une intelligence renversante et rejoint, du moins pour la partie « ténor », ce que l’Histoire nous a légué de plus fabuleux. A la première écoute de la partie « baryton », et bien que ce ténor au timbre qualifié souvent de « barytonal » ait, un jour, remplacé au pied levé un collègue défaillant dans le rôle du… Commandeur (!), force est de constater combien le registre grave de cette partie manque ici de relief, de présence malgré les mille précautions de Jonathan Nott à la tête de l’irréprochable Wiener Philharmoniker. Manquer de relief n’est pas ici synonyme de manquer d’intérêt car, dans ces trois lieder, Jonas Kaufmann déploie des trésors de dynamiques, de couleurs et de musicalité. Les aficionados forcément inconditionnels de cet artiste n’auront peut-être pas la curiosité de jeter de nouveau une oreille sur certaines versions encore disponibles signées Klemperer/Ludwig/Wunderlich ou Bernstein/King/Fischer-Dieskau. Ils devraient…

Cela dit, et en dehors de toute polémique sur le projet lui-même, saluons la performance de ce chanteur capté ici au mois de juin 2016.

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