Disques

Pour 22 €, DECCA vous ouvre pendant sept heures son coffre au trésor

Dans cette large sélection d’extraits d’opéras, airs, duos, trios, quatuors, ensembles, chœurs se succèdent en nous révélant, ou nous rappelant, quelques-unes des grandes voix qui ont fait la gloire de ce label et de l’art lyrique dans la seconde moitié du 20ème siècle jusqu’à nos jours.
Le panorama est large. De 1955, le plus ancien, nous vient le duo extrait de la légendaire intégrale, dirigée par Francesco Molinari-Pradelli, de La Force du destin, de Giuseppe Verdi, précisément celui qui oppose le Don Alvaro de Mario del Monaco au Don Carlo d’Ettore Bastianini. La passion à l’état brut. En compagnie, chronologiquement, de la soprano Aleksandra Kurzak, ici dans I Puritani, voici le ténor Joseph Calleja dans deux extraits de Tosca et de Manon Lescaut. La boucle est bouclée. Nous sommes déjà en 2011.

Entre ces deux dates, DECCA nous propose 60 ans d’enregistrements devenus pour la plupart historiques. Passons rapidement sur quelques bizarreries qui ne vont pas manquer de vous interpeller. Tout d’abord ce chœur d’Otello remplacé par le Sanctus du Requiem, toujours de Verdi quand même. Il y a aussi le grand air de la Léonore de La Favorite par Fiorenza Cossotto, hélas en italien et sans le récitatif ni la cabalette, et puis ce montage trop rapide qui nous prive de la dernière note de Luciano Pavarotti dans son air du 1er acte d’André Chénier. Dommage quand même. Voire frustrant.

Mais tout cela ne compte guère par rapport aux splendeurs qui émaillent ces 6 CDs. Inutile de vouloir toutes les citer. Mais comment ne pas souligner la grande Carmen de Tatiana Troyanos, la stupéfiante Gioconda de cette étoile filante que fut Elena Suliotis, la leçon de chant wagnérien d’Hans Hotter, même si cet enregistrement vient un peu tard pour immortaliser son art, le phrasé et le timbre mordoré de Tom Krause dans Wolfram, une autre leçon de cantabile verdien avec le Manrico de Carlo Bergonzi. D’autres exemples : la Dalila de Marylin Horne, les sonorités de Cavaillé-Coll de Nicolaï Ghiaurov, l’incandescente Eboli de Grace Bumbry, la Liu d’un autre monde de Montserrat Caballé, l’émouvante Amelia d’Un Ballo in maschera de Margaret Price, l’Escamillo quasiment idéal de José van Dam, le luxueux Figaro mozartien de Samuel Ramey, l’immense et irremplacée voix de Leontyne Price, le terrifiant Scarpia de Giuseppe Taddei, l’insolence vocale de Franco Corelli. Il y en aurait bien d’autres à citer, tels Jussi Björling, Joan Sutherland, Birgit Nilsson, Teresa Berganza, Renata Tebaldi, Juan Diego Florez, Anita Cerquetti, Jonas Kaufmann aussi, comment en serait-il autrement d’ailleurs. Le fil rouge, vous vous en doutez, c’est Luciano Pavarotti, présent sur 18 des 100 extraits proposés, et plutôt bien sélectionnés. A titre d’exemple, il faut écouter en boucle son air du 1er acte de La bohème enregistré en 1973, un modèle inégalé. D’autres merveilles vous attendent. Je vous laisse les découvrir.

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