Disques

Millimètre, Centimètre, Décimètre…

Est-il utile d’aller plus loin dans cette énumération géométrique ? Certes non tant la Grande scène du Petit Vieillard est dans l’oreille des mélomanes de tous âges. De tous âges car L’Enfant et les Sortilèges est une Fantaisie lyrique. Ecrite à 4 mains par Maurice Ravel et Colette, créée à Monte Carlo sous la direction de Victor de Sabata en 1925, cet ouvrage peut être une excellente introduction à l’art lyrique. En même temps qu’un authentique chef d’œuvre dans lequel les coauteurs rivalisent d’esprit, de fantaisie, d’imagination et bien sûr de génie.

De l’opéra à la comédie musicale, du jazz au rag-time, les chemins sont ici nombreux mais aboutissent tous à un sommet inégalé dans l’Histoire de l’opéra.

Les phalanges de Radio-France (Orchestre philharmonique, Chœur et Maîtrise), sous la direction de Mikko Franck, enregistrées en 2016, entourent une distribution de haut vol au-dessus de laquelle plane, impériale, Sabine Devieilhe (Le Feu, La Princesse, Le Rossignol).

Ce coffret de deux CDs est complété par une œuvre rarissimement donnée, L’Enfant prodigue de Claude Debussy, œuvre de circonstance, en fait concours pour entrer à la Villa Médicis, que le compositeur du célèbre Prélude à l’après-midi d’un faune remportera en 1884, il a alors 22 ans.

Ecrite pour piano et trois voix solistes, l’œuvre sera ensuite orchestrée en 1907. C’est cette version qui a été ici enregistrée en même temps et avec les mêmes phalanges que L’Enfant et les Sortilèges, toujours sous la direction de Mikko Franck, avec en soliste Karina Gauvin, Roberto Alagna et Jean-François Lapointe. Cette cantate, sur un texte qui aurait convenu aux Dix Commandements de Cecil B. De Mille (!), multiplie les échos de musiciens tels que Saint-Saëns, Gounod, Delibes, Massenet et ne donne qu’un faible aperçu de ce que sera le Debussy de Pelléas et Mélisande. Pour « compléter », Erato nous propose in fine le dernier et seul mouvement connu d’une symphonie du tout jeune Debussy (18 ans), une œuvre qu’il écrivit pour sa bienfaitrice Nadejda von Meck. Une protectrice qui avait de l’oreille, Debussy après Tchaïkovski !

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