Disques

Mendelssohn au plus haut

Comment a-t-on pu déconsidérer pendant des années la musique de Mendelssohn, parfois injustement accusée de mièvrerie ? Voici une parution qui remet à sa juste place les compositions d’un grand créateur à la frontière entre le classicisme et le romantisme, sorte de chaînon manquant entre Beethoven et Schumann. Trois quatuors à cordes appartenant à trois périodes de sa trop courte vie sont ici pris à bras le corps par les membres du Quatuor Artemis qui a déjà visité avec bonheur notamment les mondes intimes de Beethoven et de Schubert.

Felix Mendelssohn eut peut-être le tort de naître dans une famille riche et heureuse, tournant ainsi le dos à l’image traditionnelle du romantique pauvre, malade et malheureux. Sa fin de vie, survenue à trente-huit ans, n’en revêt pas moins un aspect tragique. Lorsque sa sœur aînée Fanny, elle aussi musicienne et compositrice de talent, meurt brutalement au printemps 1847, Felix est littéralement foudroyé. Il ne se remettra jamais de cette disparition et s’éteindra lui-même quelques mois plus tard.

Le dernier de ses six quatuors, l’opus 80 en fa mineur, composé en écho à cette tragédie intime, n’est autre qu’un « Requiem pour Fanny ». Une douleur infinie l’imprègne de bout en bout. Fébrile, déchirante, révoltée, cette partition ne sera créée qu’en 1848, pour le premier anniversaire de la disparition de Felix.

Les Artemis s’emparent de cette œuvre avec l’énergie du désespoir. Les premières mesures donnent le ton. Les contrastes exacerbés entre les cris de douleur et la noirceur des abattements, s’ils restent profondément musicaux, n’en explorent pas moins les tourments les plus profonds de l’âme.

Cet ultime quatuor voisine ici avec l’opus 13, chef-d’œuvre précoce d’un jeune homme de dix-huit ans, directement inspiré de l’opus 135 de Beethoven. A la question « Muss es sein ? » (Est-ce que cela doit être ?) posée par ce dernier, correspond celle que développe ici Mendelssohn, à partir d’un de ses lieder de jeunesse « Ist es wahr ? » (Est-ce vrai ?). Le drame affleure déjà notamment dans le final.

Entre ces deux pièces extrêmes, l’opus 44 n° 1 alterne fougue et poésie. Sérénade et tarentelle détendent l’atmosphère pleine de ferveur du premier volet que Mendelssohn souhaitait interprété « con forza, con fuoco ».

Dans sa composition actuelle, l’Artemis Quartet réunit Vineta Sareika et Gregor Sigl, violons, Friedemann Weigle, alto et Eckart Runge, violoncelle. Seul ce dernier est resté en place depuis la fondation de l’ensemble en 1989. L’esprit volontaire et ardent de la formation d’origine a néanmoins été conservé au long des années. Ces musiciens accomplis s’investissent dans ce répertoire avec une intensité et une ferveur qui donnent le frisson.

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