Disques

L’héritage Karajan

Le 5 avril 1908 naissait à Salzbourg, la ville natale de Mozart, celui qui fit la plus brillante carrière de chef d’orchestre de tout le 20ème siècle, Herbert von Karajan. Pour célébrer ce centenaire, la firme EMI édite un véritable monument discographique, l’ensemble des enregistrements effectués sous sa direction et publiés par cette firme.

 

Orchestral

Le volume 1 est consacré à la musique symphonique. Il ne contient pas moins de 88 CDs dont les dates d’enregistrement s’étalent de 1946 à 1984. La première de ces gravures, consacrée à Johann Strauss, se fit sur des galettes 78 tours, la dernière, qui bénéficie des meilleures techniques numériques, est celle des « Quatre Saisons » de Vivaldi.

Cette somme livrée ainsi au grand public convoque les plus grands orchestres que le maestro a été amené à diriger, les Philharmoniques de Vienne et de Berlin, le Philharmonia de Londres, créé par le grand éditeur Walter Legge, mais aussi l’Orchestre de Paris.Si le vaste répertoire du chef est parfaitement représenté, de Bach à Bartók, le cœur du « domaine Karajan » y occupe une place particulière. Les grandes œuvres de Beethoven, Mozart, Brahms, Bruckner, Sibelius ou autres figurent ici dans plusieurs enregistrements effectués à des époques diverses de la carrière de Karajan permettant ainsi d’observer l’évolution de l’interprétation de chaque grande partition. La recherche hédoniste d’une belle sonorité fondue, nuancée et sophistiquée, celle d’une continuité des lignes mélodiques et du phrasé apparaissent ainsi au fil des ans. Les plus grands solistes des époques concernées participent à cette impressionnante rétrospective, de Walter Gieseking à Evgueny Kissin, pour le piano, de David Oïstrakh à Anne Sophie Mutter, pour le violon. Plus qu’un simple portrait d’artiste, il s’agit ici d’une sorte d’histoire de la direction d’orchestre au 20ème siècle.

 
Opéra et vocal

Le second volume de l’anthologie est consacré aux messes et oratorios ainsi qu’à l’opéra.

Ici encore il est aisé de déceler dans l’interprétation de Karajan la part prépondérante que ce dernier vouait à la pure beauté orchestrale. A vrai dire, tous ses opéras sont de véritables symphonies. Il est d’ailleurs inutile de chercher dans une autre direction d’orchestre de pareilles beautés sonores.

Cela ne veut absolument pas dire que le maestro faisait fi du style ou encore du drame qu’il interprétait. Loin s’en faut et plusieurs exemples dans le présent coffret sont là pour le démontrer.
A-t-il toujours eu la main heureuse avec ses chanteurs ? Premièrement, il est utile de préciser que les distributions discographiques  ont été faites pour la plupart par Walter Legge, le mari d’Elisabeth Schwarzkopf… Deuxièmement, il est honnête aussi de reconnaître que quelques uns de ses choix salzbourgeois, je pense à Crespin dans Brünnhilde ou Carreras dans les grands Verdi mais aussi à Janowitz dans Sieglinde, etc… furent à l’origine de carrières… écourtées, mais cela ne concerne qu’à la marge le présent coffret. Dans celui-ci, quasiment que du bonheur et le plaisir permanent de retrouver un certain âge d’or. Schwarzkopf dans tous les Mozart et les Strauss (Richard), Callas dans Butterfly, Il Trovatore et le sublime live de Lucia en 1955 à Berlin (la pépite du coffret), le 3ème acte de Walkyrie à Bayreuth avec Varnay, Rysanek et Björling (Sigurd), l’immense Jon Vickers dans Florestan, Tristan et… Otello (en 1973 c’est bien lui qui a enregistré Otello sous la direction de Karajan, et non Domingo comme indiqué malencontreusement dans le livret de présentation de ce coffret), René Kollo dans Lohengrin, Rita Streich en Zerbinetta, etc…

Que du grand, du très grand, de l’immense, du légendaire !

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