Disques

Les beautés de la désolation

Après avoir réussi une splendide restitution du fameux Requiem de Jean Gilles, Jean-Marc Andrieu et son orchestre « Les Passions » confient à la discographie leur version d’une autre grande partition de celui qui deviendra maître de chapelle de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, celle des émouvantes « Lamentations ».

 

La trame dramatique de ces trois grands motets n’est autre que le récit attribué au Prophète Jérémie de l’immense tristesse provoquée par le siège, la prise et la destruction de Jérusalem par le roi de Babylone, Nabuchodonosor II, en 586 avant JC. Ces textes ont inspiré de nombreux compositeurs tout au long des siècles. Jean Gilles aborde cette tâche sous la forme du grand motet versaillais. Un grand chœur, pas moins de quatre chanteurs solistes et un orchestre complet commentent et illustrent l’ampleur expressive du thème et du texte.

Le jeune compositeur d’à peine vingt-quatre ans y déploie une science de la rhétorique et un sens du drame admirables. Chacune des trois Lamentations (« pour le Mercredi saint au soir », « pour le Jeudi saint au soir » et « pour le Vendredi saint au soir ») possède sa spécificité et contribue à l’édification de cette plainte touchante qui est celle de tout un peuple.

Le motet « Diligam me », qui complète le programme de cette parution discographique, fut vraisemblablement écrit au cours de la maîtrise qu’occupa Jean Gilles à la cathédrale Saint-Etienne. Cette partition flamboyante contraste joliment avec les « Lamentations » qui datent, quant à elles, de la période aixoise du compositeur.

Seize musiciens composent un ensemble instrumental d’une grande beauté sonore dans laquelle les équilibres chers à Jean-Marc Andrieu non seulement sont magnifiquement respectés, mais nourrissent l’émotion. La soprano Anne Magouët, voix pure et ronde à la fois, Vincent Lièvre-Picard parfait haute-contre à la française, le ténor Bruno Boterf, grand style et timbre riche, ainsi que Alain Buet, basse éloquente et noble, composent un quatuor vocal efficace dont le pouvoir expressif naît d’une rhétorique bien comprise. L’ensemble bénéficie de la participation chaleureuse du chœur « les éléments » (directeur Joël Suhubiette), dont il n’est plus nécessaire de vanter les grandes qualités. Jean-Marc Andrieu, qui pratique ce répertoire avec une profonde culture et une sensibilité particulière a judicieusement choisi le la4 du diapason à 392 hertz et la prononciation « à la française » du latin. Signalons que cet enregistrement a simplement suivi la série de concerts au cours de laquelle les mêmes interprètes se sont familiarisés avec ces œuvres rarement abordées par ailleurs. La réussite est au rendez-vous.

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